dimanche 25 janvier 2015

Film de campagne

La campagne des municipales, c’était il y a un an. On sait combien il est difficile de se retrouver collectivement et avec la même ferveur l’enjeu électoral passé. Chacun est alors rattrapé par la réalité d’une existence un temps mise entre parenthèses.
Les nouveaux élus doivent prendre à bras le corps leurs délégations respectives. La période sociale et économique difficile qui est la nôtre créant une attente et des besoins d’autant plus forts.
Certes, les événements tragiques de Charlie Hebdo ont donné lieu à ce que certains appellent déjà « l’esprit du 11 janvier ». Souhaitons que cet esprit continue à souffler et nous inspire…

En attendant, se remémorer les bons moments vécus ensemble à distribuer des programmes sur les marchés, ou en déambulant de porte en porte, est un petit exercice vivifiant.
En 2008, presque encore dans le feu de l’action, un court film avait été réalisé par Claude Rolland afin d’immortaliser la victoire. Historique ! Thierry Philip élu au 1er tour de scrutin…

Cette fois, le film aura mis plus de temps à voir le jour, et n’en est que plus précieux...
Sans en dévoiler la totalité, je peux déjà vous dire qu’il y aura de l’action, des discours bien sûr, et une déclaration d’amour… Un shooting photo et des rires aussi… Les célèbres colleurs d’affiches ont refait leur apparition, armés de pinceaux et animés de la petite touche burlesque, chère à l’auteur.

Le soleil hivernal donne une lumière particulière aux balades et aux scènes de rues. Les étals de marché sont hauts en couleur et le rose fleurit un peu partout… Certains reprennent des forces à une terrasse de café mais ce qui transparaît le mieux c’est le mouvement, l’élan.
Car une campagne, c’est surtout des pas et des pas mis bout à bout. Marcher tous ensemble, vers un même avenir, qu’on imagine heureux, et bâtir des projets, ambitieux pour tous. De belles rencontres aussi, au-delà des mains serrées.

Pour rythmer les temps forts, il y a la musique, l’hymne de campagne avec Gérard Collomb « Evidemment Lyon », rassembleur, mais aussi quelques surprises qui font danser les images …

Etant pour la circonstance, un peu dans « le secret des dieux », j’avoue avoir eu beaucoup de plaisir à nous revoir traverser, en chansons, ces quelques mois d’hiver conduisant à l’échéance du 30 mars 2014. Sympathisants, militants, candidats, tous « acteurs de la ville » et acteurs de la victoire. Même mon frère en a pris sa part, spécialement venu de Nice pour participer à une semaine de campagne lyonnaise.

L’histoire, ainsi racontée, continue à produire de l’enthousiasme. Communicatif !


vendredi 16 janvier 2015

Littérature et politique, « The best Sollers »

Le dernier livre de Philippe Sollers figurait parmi mes lectures de fin d’année.
Ensemble de chroniques souvent inspirées par l’actualité et choix éditorial personnel, le tout finalement assez réjouissant.
Entrons directement dans le vif du sujet avec quelques moments choisis, Moscou, par exemple:
Les Russes nous étonneront toujours. Après avoir réduit Marx à un catéchisme d’application sinistre, voici qu’ils le déclarent «nuisible » pour la population. Un jeune écrivain non-conformiste, Viktor Pelevine, est mis dans le même sac réprobateur. C’est que la littérature, voyez-vous, doit être nationale et morale et que « certains auteurs portent atteinte à l’esprit des russes ».
 
Même si ce genre, la chronique, est considéré comme mineur en littérature, il a donné lieu à quelques compilations particulièrement réussies. Je pense à Choses vues de Victor Hugo ou encore aux Chroniques italiennes de Stendhal.
 
Ici, le propos de Sollers, outre le fait de rassembler des articles écrits entre 1999 et 2013 pour le JDD, conduit le lecteur à constater combien politique et littérature sont intimement liées, se nourrissant souvent l’une de l’autre..
Certes, tous les écrivains cités n’ont pas signé de manifeste ou de tribune politique. Ils sont néanmoins porteurs d’un monde en mouvement perpétuel. L’œil aux aguets.
Littérature et politique  a donc l’excellent mérite de revisiter notre bibliothèque commune à l’aune des défis du siècle et de nous offrir ses lumières, de Montaigne à Nietzsche en passant par l’immense Voltaire. Impossible de tous les nommer. Il faut se procurer le livre. A défaut, je veux bien le prêter…
 
J’ai apprécié l’exercice même si je ne suis pas particulièrement encline à lire du Sollers. Vague souvenir de Femmes et d’en avoir surtout retenu le « donjuanisme » du héros. Don Juan, ou plutôt Casanova, hédoniste libre-penseur, généreusement célébré par Sollers.
Ma mémoire est certainement injuste…
En tous cas, avec lui, pas de « clown triste » façon Houellebecq.
Tant mieux car en ce début d’année, après le recueillement national, on veut aller de l’avant. Le bel esprit de Philippe Sollers nous y invite. Eric Zemmour ne s’y est pas trompé. Il déteste le livre et son auteur.
Raison de plus pour aimer Littérature et politique  et sa plume alerte qui laisse filtrer l’ironie mais jamais le fiel.
Sollers, de son vrai nom Philippe Joyaux, est tout sauf misanthrope. Encore moins un pourvoyeur de boucs émissaires...
S’il ne dédaigne pas le divan du psy, il préfère coucher nos névroses sur le papier, avec humour.
Et son livre, sans être un best-seller, contrairement à d’autres, est un divertissement intelligent, là encore contrairement à d’autres … best-sellers du moment.
 
Et puis se replonger dans une actualité, déjà ancienne, donne un certain éclairage au présent.
Avec parfois une surprenante concordance des temps. Comme dans Turquie : Le poète Mallarmé, en bon prophète, voyait venir vers nous « un tourbillon d’hilarité et d’horreur ». Nous y sommes (…) La Turquie ne veut pas reconnaître le génocide arménien ? Glace. Le ministère turc de l’Education censure les manuels scolaires comportant une reproduction de La Liberté guidant le peuple de Delacroix ? On s’esclaffe, mais sur fond d’abîme.
 
Voilà donc un nouveau livre pour la bibliothèque. Le seul dilemme étant son classement : Littérature ou politique ?? Le mieux étant peut-être de le laisser libre de ses allées et venues.

vendredi 9 janvier 2015

C’était un homme bien…

Vendredi 9 janvier 2015. Un vendredi comme un autre, sauf que ce matin, je n’entendrai pas une de mes chroniques préférées à la radio. C’était comme une habitude, un rendez-vous de la matinale, le débat économique entre Dominique Seux des Echos et …… Bernard Maris.
Pas besoin de bien connaître les règles de l’économie  pour avoir goûté le plaisir de cette joute verbale entre les deux journalistes. Un moment privilégié qui faisait avancer les idées dans le respect des intervenants et des auditeurs et toujours dans la bonne humeur. Un moment de grâce pour commencer la journée.
 
Depuis hier, France Inter est en deuil. Une minute de silence observée et l’antenne ouverte aux témoignages des journalistes, des amis, des anonymes. Ils furent nombreux.
Bien sûr, d’autres chroniqueurs viendront et avec eux d’autres habitudes. Une succession d’habitudes qui font le fil du temps, dans les médias comme dans nos vies…
 
Mais voilà, Bernard Maris n’est plus, fauché par l’ignorance et la barbarie. Comme onze autres personnes dont la voix s’est tue à jamais.
Pour Charlie, c’était « Oncle Bernard ». Et un autre rendez-vous les lecteurs du journal.
Si je savais dessiner, je ferais son portrait en quelques coups de crayon comme le faisait si bien Cabu.
 
Alors quelques mots pour dire que Bernard Maris, outre la voix familière de France Inter, était ce qu’on appelle communément «  un homme bien ». Un économiste iconoclaste. Un humaniste avant tout. Pour preuve, un de ses livres, Antimanuel d’économie. Ce livre, paru en 2003, je l’avais offert au fils d’un couple d’amis, étudiant en sciences éco … L’a-t-il lu, gardé… Je ne sais pas et les amis d’alors je les ai depuis perdus de vue…
 
Le dernier livre de Bernard Maris, je l’ai acheté, pour moi. Son titre : Houellebecq économiste.
Un extrait du prologue où comme souvent Maris, irrévérencieux, se moque de la discipline qu’il enseigne : Qui se souviendra de l’économie et de ses prêtres, les économistes ? Dans quelques décennies, un siècle, plus tôt peut-être, il apparaîtra invraisemblable qu’une civilisation ait pu accorder autant d’importance à une discipline non seulement vide mais terriblement ennuyeuse, ainsi qu’à ses zélateurs, experts et journalistes graphicomanes (…). L’économiste est celui qui est toujours capable d’expliquer « ex post » pourquoi il s’est, une fois de plus, trompé.
 
On oubliera peut-être certains économistes mais jamais Bernard Maris.
Les circonstances de sa disparition seront gravées dans nos mémoires. Son assassinat est intervenu le jour de la sortie du dernier livre de Michel Houellebecq, Soumission.
Peut-être Maris en aurait parlé ce matin, sur Inter … On ne le saura jamais mais on a le droit et la liberté de l’imaginer. Et aussi d’être triste, de se sentir orphelins, et plus rebelles que soumis...

jeudi 8 janvier 2015

Droits des Femmes, toujours un combat !

La semaine écoulée a été marquée par deux grands événements concernant les droits des femmes : le 40ème anniversaire de la loi Veil légalisant l’avortement en France et la Journée Internationale contre les violences faites aux femmes.
 
C’est dans ce cadre que s’inscrivait la soirée organisée à l’Hôtel de Ville le mardi 25 novembre, en présence d’Annick Houel, conférencière et professeure de Psychologie sociale à l’Université Lumière Lyon 2. Aux racines de la violence envers les femmes, Une misogynie meurtrière qui perdure. L’intitulé de la conférence nous rappelle qu’en France, tous les trois jours, une femme meurt des suites des coups et blessures infligées par son compagnon.
 
Un constat dramatique, et une lutte de tous les instants pour les associations qui oeuvrent à prévenir ce type de violence et à accompagner les femmes en danger.
 
Le gouvernement, au travers du ministère des Droits des femmes et de la mise en place d’un plan interministériel, s’est engagé à combattre ce fléau, sur le terrain. Najat Vallaud Belkacem, a beaucoup fait à cet égard, notamment pour activer le partenariat avec les associations.  Filactions, le Planning Familial, Femmes Solidaires pour en citer quelques-unes.
 
Les victimes sont issues de tous les milieux sociaux. Il n’y a pas de « prédestination », sinon le point commun d’être nées de sexe féminin.
En revanche, le processus est presque toujours identique. Au départ, il y a une histoire d’amour, avant le premier « dérapage », les insultes et les agressions dévalorisantes, presque invariablement suivies des premiers coups.
 
La presse fait régulièrement le portrait de ceux que l’on nomme les « pervers narcissiques ».
Dans cette relation toxique, les victimes sont souvent prises au piège.
Consentantes non, mais soumises à la pression sociale, à la peur de dire les maux endurés, oui. Quand les violences s’exercent dans la sphère privée, familiale de surcroît, grande est la tentation de vouloir sauver les apparences, pour l’image mais aussi pour soi, pour ne pas s’avouer l’échec de la relation amoureuse. Comme l’a justement dit Annick Houel lors de sa conférence,  il reste souvent à ces femmes « l’espoir de l’amour », même après des années…
 
Comme la littérature a elle aussi  des vertus éducatives et a déjà pu contribuer à l’évolution des droits des femmes, cf. Simone de Beauvoir, Le Deuxième sexe, je tiens à évoquer un écrivain qui s’intéresse beaucoup à nos vies modernes. Il s’agit d’Eric Reinhardt, auteur du Moral des ménages, de Cendrillon.
Son dernier livre L’amour et les forêts retrace le parcours d’une femme, soumise à l’emprise obsessionnelle et destructrice de son mari. Bénédicte Ombredanne, c’est le nom de l’héroïne, a un métier qu’elle aime- prof de lettres-, des enfants. Elle a été une jeune fille solaire et extravertie avant de sombrer, minée par l’enfer conjugal qu’elle vivait. Jusqu’à oser une échappée, en deux temps…
Voici un extrait du livre, pages 135-136 : « Je n’y crois pas un seul instant à ton histoire de promenade dans les Vosges, je n’y crois pas une seule seconde à ton histoire de panne d’essence, à ton histoire de soleil à savourer, à ton prétexte de faire le point, de prendre de la distance, de la hauteur ! (…) Madame, pour réfléchir, elle a besoin de hisser ses infimes capacités intellectuelles au sommet de la Schlucht, sinon elle ne voit rien, elle n’a aucune visibilité sur son existence ! Faire le point ! On aura tout vu ! Parce que tu as besoin de réfléchir, de faire le point ? Ta triste vie t’impose de réfléchir, de faire le point ? Madame n’est pas heureuse ? C’est son mari, c’est ça ? Son mari ne lui convient plus ? Il ne peut plus satisfaire ses besoins sexuels, ses besoins métaphysiques, ses besoins de vie radieuse et féerique, pour employer des adjectifs que madame affectionne ? »
 
Ce discours inquisiteur va se poursuivre jour après jour, nuit après nuit, et sera relaté dans un troublant échange épistolaire entre Bénédicte et l’écrivain, devenu le confident du désespoir de son héroïne. Comme une mise en abyme.
 
Le roman d’Eric Reinhardt était dans la liste des nominés au Goncourt et a finalement obtenu le prix Renaudot des lycéens. Une belle reconnaissance tout de même et l’espoir que cette jeunesse éclairée porte haut les couleurs de l’égalité femmes-hommes !
Pour ne jamais oublier Bénédicte Ombredanne…

vendredi 2 janvier 2015

L’autre BB


Je ne sais plus très bien comment j’ai découvert le chanteur. Peut-être avec Rose Kennedy
Auparavant, il y avait eu ce travail en commun avec Keren Ann. Le succès de l’album Chambre avec vue et de Jardin d’hiver. Un nouveau souffle pour la carrière d’Henri Salvador.
 
Je voudrais de la lumière
                         Comme en Nouvelle Angleterre
                         Je veux changer d’atmosphère
                           Dans mon jardin d’hiver
 
Mais c’est alors dans l’ombre, ou presque, que l’artiste oeuvrait, musicien et parolier. La lumière l’a touché, délica-tement, lors de sa rencontre avec Chiara. Une histoire de coeur avec une actrice issue d’une grande famille du cinéma.

Puis vint le début de la reconnaissance du public. Autre histoire d’amour…
On commença à le comparer à Gainsbourg. Son allure un brin désinvolte, sa manière de « susurrer », la beauté de ses textes ?
Le côté dandy lui allait bien et surtout, l’homme continuait à faire son chemin. En doutant, s’exposant parfois. Clair-obscur, belle atmosphère pour un auteur de pop romantique.
 
Toujours habité par la musique et l’écriture, il s’essaye au métier d’acteur.
Un premier passage à l’écran plutôt réussi dans le rôle d’un patron de bar en rupture sentimentale avec Stella.
Récidive dans le jeu d’un séducteur ténébreux pour le film d’Agnès Jaoui  Au bout du conte.
J’ai beaucoup aimé son interprétation de la noirceur du personnage.
 
Vengeance, 2012, le dernier album, brillamment orchestré.
En 2009, c’était La Superbe, et ses arrangements somptueux.
Comment ne pas citer Lyon Presqu’île, chanson- déclaration d’amour à la ville et à « sa tour en stylo-bille » !
 
L’eau qui dormait se réveil
D’’une longue nuit de sommeil…..
C’est comme si j’étais parti la veille
Je suis entre la colline qui prie
Et la colline qui crie
Je ferme les yeux mange mange un morceau de soleil
(…)
Je voudrais m’éteindre ici
Ou pas loin de l’Italie
Avec ceux que je chéri chéri que j’aime (…)
 
 
Natif de Villefranche sur Saône, Benjamin Biolay – car c’est bien lui-, a fait ses études au conservatoire de Lyon et au lycée St Exupéry.
Des idées et une vision pour cette ville, il n’en manque  pas. On dit même qu’il a composé l’hymne de l’Olympique Lyonnais …
Un possible candidat à une élection locale… On peut sourire …
Pour autant, l’artiste ne cache pas ses sympathies politiques et surtout son aversion pour les idées d’extrême-droite. Une de ses chansons, Vol noir, reprise de l’air du Chant des partisans, a été écrite au lendemain des élections européennes.
 
Dernier travail en vue, en 2013,  pour Vanessa Paradis, et l’album Love Songs.
Réussite auréolée d’un duo glamour avec la chanteuse star. 
En ce mois de décembre 2014, un nouveau film à l’affiche, Gaby Baby Doll, où l’on découvre Benjamin Biolay physiquement métamorphosé !
 
Je ne serai pas plus exhaustive quant à sa carrière ou sa vie personnelle, n’étant ni biographe, ni chroniqueuse people. J’avais simplement envie de parler de quelqu’un que j’aime bien. Un éclairage à ma façon…
 
Allez, on vous souhaite une belle, belle année 2015, Mister Biolay ! Et peut-être un passage derrière la caméra, pour nous dévoiler une nouvelle facette de votre talent …