Montchat, un quartier du 3ème arrondissement à deux stations de tram de la Part-Dieu.
Et pourtant, comme dans un village, on y trouve la place de
l’église et ses monuments aux morts, un marché, un jardin public. Et puis il y
a le château, et juste à côté un grand bâtiment, l’Espace Elsa Triolet :
le lieu d’expression de la vie associative locale. Une Maison de quartier, une
salle de spectacle et la Maison des jeunes composent cet espace mutualisé.
C’est ici que se réunit le Conseil de quartier pour décider
d’aménagements intéressant le quotidien des habitants.
Ce lieu, l’équipe municipale l’a inauguré avec l’ensemble
des associations, il y a un an déjà. C’était le 23 novembre 2013.
De la conception à la réalisation, il s’est écoulé plusieurs
années, de réunions et de débats, parfois vifs, notamment en conseil
d’arrondissement, avant de pouvoir rendre au Foyer de Montchat une nouvelle
jeunesse. Cela ne fût pas facile mais néanmoins passionnant. Avec le Maire
Thierry Philip, Anne Brugnera, alors adjointe à la vie associative, et les
services de la Ville, nous avons travaillé pour que chacun puisse trouver sa place dans cette maison, des
« occupants historiques » aux nouveaux venus. Car la famille s’est depuis
agrandie…
Aujourd’hui, les associations présentes constatent que ce
nouvel espace, idéalement situé au cœur de Montchat, leur apporte un regain
d’adhérents et de visiteurs.
Se remémorer la Bibliothèque pour tous, à l’étroit dans une
pièce dont le vieux plancher menaçait de céder et la voir désormais installée
dans une vaste salle, éclairée de plusieurs puits de lumière, suffit à vous
donner une irrépressible envie de lecture.
Certes, tout n’est pas encore parfait.
Il manque aux joueurs de cartes du Club de l’Amitié un
endroit de convivialité, petite boisson chaude en hiver et rafraîchissement à
la belle saison. Vous comprenez, m’a dit un très gentil monsieur à l’issue de
l’assemblée générale de l’association : « Nous, on passe là tous nos
jeudis après-midi… Ensemble, on est quand même mieux que seul chez soi… ».
Il n’a pas ajouté « devant la télé » mais je l’ai entendu, en creux.
J’ai promis de réfléchir à la question, en attendant que le
projet de bar associatif de la MJC ne voie le jour.
L’Harmonie de Montchat-Monplaisir a dû adapter ses horaires
de répétition en soirée aux horaires du gardien. Et les musiciens se sont
finalement mis au nouveau tempo…
Les espaces extérieurs ne sont pas très faciles d’entretien
à l’usage, d’autant plus que les enfants de l’accueil de loisirs les utilisent
régulièrement pour les activités périscolaires. Ils ont donc été repensés.
On peut imaginer un jour prochain où le jardin sera partagé
entre les joueurs de cartes et les enfants … Je suis presque certaine que mon
collègue délégué aux liens intergénérationnels poursuit le même rêve…
Pour autant, il commence à flotter dans ce lieu un petit air
de bonne humeur. Gaëlle qui cultive le lien entre la MJC et les associations y
est sans doute pour quelque chose : compétente, à l’écoute. De même que Sylvie, toujours souriante, qui a
rejoint l’équipe à l’accueil. Et Saadia, « l’âme de la MJC »,
selon un récent article paru dans le Progrès.
Bâtir une belle maison avec des matériaux de qualité, c’est
bien mais il faut veiller à maintenir le fil entre les humains qui l’habitent. Cela
demande du temps pour, à chaque pas, consolider ce précieux vivre ensemble.
Et puis au printemps, vers le 8 mars, un grand évènement se
prépare autour de la personnalité d’Elsa Triolet. C’est une initiative de l’élu
en charge des droits des citoyens et une idée qui suscite beaucoup, beaucoup d’enthousiasme.
C’est communicatif l’enthousiasme et on en a besoin …
Un jour, l’histoire d’Elsa Triolet a croisé celle du
quartier de Montchat. Elle et Aragon vivaient alors dans la maison de René
Tavernier, le père du cinéaste Bertrand Tavernier. C’était sous l’occupation, rue Chambovet. Cet
épisode, Elsa l’a raconté dans un de ses livres. C’est là que Louis Aragon a trouvé l’inspiration pour
écrire le célèbre poème: Il n’y a pas d’amour heureux .
La vie tumultueuse de ces deux grandes figures politiques et
intellectuelles ne s’est pas arrêtée à Lyon et même si la petite maison
n’existe plus aujourd’hui, c’était bien de s’y attarder un instant, en pensée.
Et de donner à l’ancien Foyer le nom d’ Elsa Triolet, comme un clin d’œil à une
belle histoire pour un bien joli quartier.