Le gouvernement Valls II est donc entré en fonction.
Parmi les sortants, il se trouve une femme que j’apprécie
pour ses qualités humaines, ses convictions et son parcours.
Aurélie Filipetti n’est pas une énarque. Après une prépa littéraire,
elle intégre Normale Sup. Agrégée de lettres classiques, elle commencera par
enseigner.
Cette fille de mineur, petite fille d’un immigré
antifasciste, résistant, déporté et mort en camp de concentration connaît les
difficultés de la vie. De sa Lorraine natale et de son histoire familiale, elle
a gardé un sens des valeurs que personne ne peut lui reprocher. Ses livres et
notamment son premier roman, « Les derniers jours de la classe
ouvrière », paru en 2003, récit de ses origines, mais surtout hommage à la
mémoire ouvrière, l’ont fait connaître du public.
En même temps, la politique l’a rattrapée. D’abord chez les
Verts et ensuite au Parti Socialiste, très présente dans les dernières
campagnes présidentielles (son père, lui, avait été maire communiste d’une petite
commune de Moselle et conseiller général).
La suite, tout le monde la connaît : Ministre de la
Culture et de la Communication, le « fauteuil d’André Malraux » pour
une jeune femme que rien ne prédestinait à cette haute fonction. Elle dit tout
devoir à l’école. Pour preuve cet extrait d’une interview au JDD en juillet
2012 : " Il ne m’a pas traversé l’esprit qu’on pouvait réussir grâce à ses
études. Je me rendais à l’école pour apprendre. Si je pouvais encore y aller
aujourd’hui, j’irais. "
On lui a reproché sa dureté ou plutôt son manque de
souplesse dans le conflit des intermittents. Je préfère conserver d’elle l’image d’une ministre engagée,
qui a du faire face à une baisse de ses crédits, - pour rappel, à Lyon la
culture représente 20% du budget de la Ville -, et bien sûr aux derniers
soubresauts de la sidérurgie en Lorraine… Même si c’était " Chronique
d’une mort annoncée ", il aura fallu du courage à cette députée de la
Moselle pour y faire face.
Je garde aussi le souvenir précieux d’une rencontre
informelle lors de la séance- dédicace d’un de ses livres, "Un homme dans
la poche". C’était en 2006 à Metz.
Pour ceux qui ne le sauraient pas, " la poche ",
n’est pas seulement une partie de vêtement ou un synonyme de " sac ".
" La poche " désigne aussi l’acier en fusion, matière
particulièrement dangereuse, et à l’origine d’accidents mortels… Le dernier en
date s’est produit avec des ouvriers chinois. La Chine étant aujourd’hui le
numéro 1 mondial de cette industrie et Arcelor Mittal le numéro 1 des géants de la sidérurgie.
La vie continue, et je suis certaine qu’Aurélie Filipetti
saura poursuivre son chemin.
Bonne route à celles qui sont confirmées dans leurs
fonctions comme Ségolène Royal, Christiane Taubira et aux promues, Fleur Pellerin
et bien sûr Najat qui hérite du
portefeuille de l’Education.