dimanche 31 mai 2015

Le mai le joli mai


Le mai le joli mai en barque sur le Rhin
Des dames regardaient du haut de la montagne
Vous êtes si jolies mais la barque s’éloigne
Qui donc a fait pleurer les saules riverains ?  


Rassurez-vous, je ne vais pas me lancer dans une analyse du célèbre poème d’Apollinaire, qui était pourtant à l’épreuve de mon bac de français, il y a bien des années… Contrairement à beaucoup de mes camarades de l’époque, je n’avais pas choisi ce sujet mais la dissertation. Je me méfiais de la répétition lassante du commentaire composé. À juste titre puisque le poème avait été vu et « décortiqué » en cours, vers après vers …
 

1913, année de parution d’Alcools, dont est extrait le Mai. A le lire aujourd’hui, beaucoup d’impressions, de parallèles… la beauté changeante du printemps, la mélancolie. Thème très prisé du poète, et dont Fabrice Luchini répète à l’envi combien il façonne le génie français. Voilà, c’est dit, ce n’est pas un privilège réservé aux peuples slaves… Et Luchini d’ajouter : « Sans mélancolie, pas de littérature », ou encore « Notre identité commune : l’amour de la langue française ».
Le Verbe, un ciment capable de transcender les courants et les époques ?
Voilà de quoi alimenter le « roman national », très en vogue...
 
Là-bas, en Syrie, certains pourraient faire table rase de siècles d’histoire. Ecrire et compter à l’aune de leur propre vie et de leurs croyances. On tremble, on s’indigne, car au-delà du symbole de l’antique Palmyre et de ses colonnes de pierre, c’est le cœur des hommes qui saigne. Des ruines et des décombres ne jaillira pas un monde meilleur. Juste dévasté.
 
Peut-on combattre cette folie avec de la poésie ? Dérisoire peut-être, mais on peut essayer, au moins. Transmettre des mots, c’est transmettre un héritage, vivant. Apprendre, vite, pour ne pas oublier. Les livres et les idées seront imprimés dans nos mémoires, nos disques durs. Ainsi, du Traité sur la tolérance de Voltaire, twitté et retwitté après les attentats de janvier. De la vertu des réseaux sociaux...
 
Retour en France. Comme souvent, à vouloir réformer l’éducation, on se heurte à l’hostilité. Attisée par quelques souffleurs de braise. De ceux qui contestaient l’utilité de connaître La Princesse de Clèves, pourtant une bien belle personne…
Moderniser, adapter l’enseignement au bénéfice du plus grand nombre, n’est pas contraire à l’idéal  républicain. L’enseignement des langues reste au cœur du projet éducatif dans le collège nouvelle version. Et l’expression orale y est valorisée afin de permettre à chaque élève de délivrer au mieux sa pensée dans un discours construit. L’art de la rhétorique, c’est aussi de la culture gréco-latine pour tous… après tout…
Communicare, vital sit.
Expliquer, encore et toujours, une tâche ardue pour notre Ministre de l’Education. Mais « l’épreuve du feu » lui va bien. Courage, Najat !
 
Et à Lyon, ce mois de mai 2015 se termine en apothéose… de roses, avec un festival dédié au passé rosiériste de la ville. Des couleurs, des parfums, pour se ressourcer, s’enivrer, de beauté, et de science botanique, avec le baptême de la rose Onlylyon. Une fleur synthèse de l’ancien et du moderne pour une ville pépinière.
 
Le mai le joli mai a paré les ruines
De lierre de vigne vierge et de rosiers
 
Apollinaire, pour finir…
 
Pardon pour ce billet en forme d’inventaire à la Prévert 
Mais ainsi va l’humeur au mois de mai, primesautière
 



dimanche 10 mai 2015

Europe C'est la fête



Mettre la main à la pâte...

Si vous n’étiez pas à Lyon ce 9 mai pour célébrer l’Europe aux côtés de la Maison de l’Europe et des Européens, voici les grandes lignes de mon intervention et un album photo retraçant les temps forts de la manifestation.
Merci à celles et ceux qui ont donné de leur temps pour préparer cette belle initiative, et assurer les animations de la journée.
Merci aux visiteurs et amis venus partager leur idée de l’Europe.
On vous attend tous.........
........... pour la prochaine édition le 9 mai 2016 !
 
 
Je tiens tout d’abord à excuser Monsieur Thierry Philip qui ne pouvant être là aujourd’hui, m’a demandé de le représenter.
 
Quand Monsieur Reguillon m’a sollicitée pour préparer cette journée du 9 mai, en partenariat avec la Maison de l’Europe, et avec Madame Bousquet, sa vice-présidente, je savais que l’enjeu était de donner à l’évènement un esprit « fête de quartier », ouvert à toutes et à tous. Le choix de la place Guichard m’a aussitôt paru de bon augure, car cette place est un lieu-phare de la vie locale : la fête de la musique, la Guill’en fête, et bien sûr le forum des associations du 3ème, un rendez-vous apprécié des habitants de l’arrondissement.
 
Rassembler des acteurs associatifs de ce quartier, si riche en la matière, fût donc une mission que j’acceptai avec plaisir. L’invitation faite aux conseils de quartier nous a également permis d’ouvrir le projet à d’autres partenaires.
Tous n’ont pas pu répondre présents en ce grand week-end mais l’essentiel est d’avoir su donner l’envie de participer, de près ou de loin, à une première, en ce lieu. Nous élargirons le cercle l’année prochaine, pour partager avec le plus grand nombre l’idéal européen.
 
Au lendemain des cérémonies du 8 mai, et du 70ème anniversaire de cette commémoration, il est important de rappeler les premiers pas de la construction européenne au travers de la déclaration Schuman du 9 mai 1950.
Il est important de souligner que la paix, dont l’Europe a profité, est le fruit de ce travail, notamment au travers du rapprochement entre la France et l’Allemagne. Je vais vous faire une confidence… Etant lyonnaise d’adoption, j’ai passé de longues années en Lorraine, à Nancy, et ensuite à Metz. Non loin de là, sur les hauteurs de Scy Chazelles, il y a une maison de village, devenue un musée.
C’est la Maison de Robert Schuman. Dans cette maison, située dans une région qui a beaucoup souffert des guerres et des divisions, on ressent une forme d’apaisement. C’est en tous cas l’impression que j’ai éprouvée en la visitant la première fois. Et en y retournant par la suite. Cette image, c’est comme une force …
 
L’Europe est une chance et il faut se battre contre l’euroscepticisme, agir pour promouvoir une Europe plus humaine, plus solidaire, et où chaque citoyen des 28 pays membres se sente représenté. Déjà en 1849, Victor Hugo appelait de ses vœux l’édification des Etats-Unis d’Europe.
Modestement, à notre échelle qui est celle de la proximité, nous pouvons aider à une meilleure compréhension de l’Europe et de son fonctionnement. La Maison de l’Europe et des Européens - j’ajouterais volontiers « et des européennes » - y contribue tout au long de l’année grâce à son programme d’activités.
 
Et la place de l’Europe, à Lyon, c’est aujourd’hui Place Guichard.
 
Sur les stands, chacun peut venir tester ses connaissances en  jouant, apprécier des spécialités culinaires, admirer la magnifique mosaïque « Europe, mon pays » présentée par la Maison des Italiens, débattre …
Sans oublier de s’émerveiller devant le défilé des petits Européens en costumes.
 
Quel beau symbole pour l’avenir de l’Europe !

 
 
D'un pays à l'autre...
 
 


 
Partager la parole
 
 
 
Avec une jeunesse investie

 



                                                          
 
Et des citoyens engagés
                                                               

                                         
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 Sur un air de musique
                                                          
 
Et recommencer...Pour transmettre l'idéal européen
     
                                                   


vendredi 8 mai 2015

Ma leçon de piano

C’est toujours difficile de choisir un nom ou un prénom, et je dis ça sans malice aucune…
 
Au cœur de l’été 2014, j’étais sur une petite île de Bretagne, en proie au « farniente », et en même temps rattrapée par une actualité préoccupante. Difficile de faire preuve de béatitude quand le monde va si mal… Alors « Allegro (ma) non troppo » a fait son chemin et s’est imposé comme ce qui caractérisait le mieux mon blog tout neuf.
 
Reflet d’un état d’esprit, et bien sûr référence à la musique au travers d’un célèbre tempo.
J’aurais d’ailleurs pu choisir « Moderato cantabile » mais le modèle, immortalisé à deux voix, celles de Duras et de Jeanne Moreau, était écrasant : une leçon de piano, contrariée par un enfant têtu, et interrompue par l’écho d’un crime.
 
Avec cet intitulé, « Allegro, non troppo », comment échapper à une leçon de piano ? La mienne serait à chercher du côté de chez Jane Campion. Rappelez-vous … l’odyssée d’une femme exilée à l’autre bout du monde, mariée à un inconnu. Elle n’a que son piano comme mode d’expression et s’en voit privée, de manière arbitraire. Le souffle narratif, et les images d’une beauté renversante, je les ai toujours en mémoire. Mais au-delà de l’esthétique, brillante, le propos de la réalisatrice néo-zélandaise est avant tout l’émancipation de son héroïne, par petites touches successives. Filmer cette renaissance, au fin fond du bush, était un pari osé. La sensualité, à la fois des éléments et des personnages, irradie l’écran, bien plus que dans  Portrait de femme, adapté plus tard par la même réalisatrice. L’état de grâce ne se reproduit pas toujours, d’un(e) interprète à l’autre.
 
La scène du piano qui sombre, sublime métaphore s’il en est pour montrer la force vitale d’Ada, doublée d’une voix intérieure, toute en notes retenues. En fait, le film tout entier est une leçon de vie, cruelle mais salvatrice… Une leçon d’audace, ou de courage, appelez ça comme vous voudrez, au cœur d’une jungle de sentiments et d’exubérance végétale.
Récompensée par la palme d’or à Cannes en 1993, La Leçon de piano est une première dans les annales du festival puisque jamais une réalisatrice n’avait encore été consacrée par le prix. Comme quoi, l’audace peut aussi se révéler efficace…
 
Anna Paquin, la petite fille de l’histoire, a aujourd’hui l’âge de gravir les marches du palais des festivals, comme l’avait fait sa maman de cinéma, Holly Hunter, mais elle n’est pas annoncée pour cette 68ème édition. Sa carrière se poursuit outre atlantique, et aux antipodes, au rythme des séries. Un genre que j’aime beaucoup trop pour le dénigrer et sur lequel je reviendrai sans doute un jour.
 
Au programme de Cannes cette année, nous aurons donc « La Tête haute » en ouverture. Isabella Rossellini, présidera le jury d’Un autre regard, tandis qu’ Ingrid Bergman s’affiche déjà en illustre marraine du festival, adressant comme une oeillade à sa fille. Nanni Moretti présentera  Mia Madre  aux festivaliers. Entre famille réelle et fantasmée, ainsi va la vie au cinéma …
Un programme que je suivrai de loin. Néanmoins, je retiendrai mon souffle à l’annonce du palmarès.
 
Et puis, la cérémonie de clôture aura lieu le jour de l’anniversaire de mon frère unique.
Petit clin d’œil à toi, fréro… C’est bien joli le mois de mai, que l’on soit star ou pas !