Le mai le joli mai en barque sur le Rhin
Des dames regardaient du haut de la montagne
Vous êtes si jolies mais la barque s’éloigne
Qui donc a fait pleurer les saules riverains ?
Rassurez-vous, je ne vais pas me lancer dans une analyse du
célèbre poème d’Apollinaire, qui était pourtant à l’épreuve de mon bac de
français, il y a bien des années… Contrairement à beaucoup de mes camarades de
l’époque, je n’avais pas choisi ce sujet mais la dissertation. Je me méfiais de
la répétition lassante du commentaire composé. À juste titre puisque le poème
avait été vu et « décortiqué » en cours, vers après vers …
1913, année de parution d’Alcools, dont est extrait le
Mai. A le lire aujourd’hui, beaucoup d’impressions, de parallèles… la beauté
changeante du printemps, la mélancolie. Thème très prisé du poète, et dont Fabrice
Luchini répète à l’envi combien il façonne le génie français. Voilà, c’est dit,
ce n’est pas un privilège réservé aux peuples slaves… Et Luchini
d’ajouter : « Sans mélancolie, pas de littérature », ou encore « Notre
identité commune : l’amour de la langue française ».
Le Verbe, un ciment capable de transcender les courants et
les époques ?
Voilà de quoi alimenter le « roman national »,
très en vogue...
Là-bas, en Syrie, certains pourraient faire table rase de
siècles d’histoire. Ecrire et compter à l’aune de leur propre vie et de leurs
croyances. On tremble, on s’indigne, car au-delà du symbole de l’antique
Palmyre et de ses colonnes de pierre, c’est le cœur des hommes qui saigne. Des
ruines et des décombres ne jaillira pas un monde meilleur. Juste dévasté.
Peut-on combattre cette folie avec de la poésie ? Dérisoire
peut-être, mais on peut essayer, au moins. Transmettre des mots, c’est
transmettre un héritage, vivant. Apprendre, vite, pour ne pas oublier. Les
livres et les idées seront imprimés dans nos mémoires, nos disques durs. Ainsi,
du Traité sur la tolérance de Voltaire, twitté et retwitté après les
attentats de janvier. De la vertu des réseaux sociaux...
Retour en France. Comme souvent, à vouloir réformer
l’éducation, on se heurte à l’hostilité. Attisée par quelques souffleurs de
braise. De ceux qui contestaient l’utilité de connaître La Princesse de
Clèves, pourtant une bien belle personne…
Moderniser, adapter l’enseignement au bénéfice du plus grand
nombre, n’est pas contraire à l’idéal
républicain. L’enseignement des langues reste au cœur du projet éducatif
dans le collège nouvelle version. Et l’expression orale y est valorisée afin de
permettre à chaque élève de délivrer au mieux sa pensée dans un discours
construit. L’art de la rhétorique, c’est aussi de la culture gréco-latine pour
tous… après tout…
Communicare, vital sit.
Expliquer, encore et toujours, une tâche ardue pour notre
Ministre de l’Education. Mais « l’épreuve du feu » lui va bien.
Courage, Najat !
Et à Lyon, ce mois de mai 2015 se termine en apothéose… de
roses, avec un festival dédié au passé rosiériste de la ville. Des couleurs, des
parfums, pour se ressourcer, s’enivrer, de beauté, et de science botanique, avec
le baptême de la rose Onlylyon. Une fleur synthèse de l’ancien et du moderne pour
une ville pépinière.
Le mai le joli mai a paré les ruines
De lierre de vigne vierge et de rosiers
Apollinaire, pour finir…
Pardon pour ce billet en forme d’inventaire à la
Prévert
Mais ainsi va l’humeur au mois de mai, primesautière