jeudi 8 janvier 2015

Droits des Femmes, toujours un combat !

La semaine écoulée a été marquée par deux grands événements concernant les droits des femmes : le 40ème anniversaire de la loi Veil légalisant l’avortement en France et la Journée Internationale contre les violences faites aux femmes.
 
C’est dans ce cadre que s’inscrivait la soirée organisée à l’Hôtel de Ville le mardi 25 novembre, en présence d’Annick Houel, conférencière et professeure de Psychologie sociale à l’Université Lumière Lyon 2. Aux racines de la violence envers les femmes, Une misogynie meurtrière qui perdure. L’intitulé de la conférence nous rappelle qu’en France, tous les trois jours, une femme meurt des suites des coups et blessures infligées par son compagnon.
 
Un constat dramatique, et une lutte de tous les instants pour les associations qui oeuvrent à prévenir ce type de violence et à accompagner les femmes en danger.
 
Le gouvernement, au travers du ministère des Droits des femmes et de la mise en place d’un plan interministériel, s’est engagé à combattre ce fléau, sur le terrain. Najat Vallaud Belkacem, a beaucoup fait à cet égard, notamment pour activer le partenariat avec les associations.  Filactions, le Planning Familial, Femmes Solidaires pour en citer quelques-unes.
 
Les victimes sont issues de tous les milieux sociaux. Il n’y a pas de « prédestination », sinon le point commun d’être nées de sexe féminin.
En revanche, le processus est presque toujours identique. Au départ, il y a une histoire d’amour, avant le premier « dérapage », les insultes et les agressions dévalorisantes, presque invariablement suivies des premiers coups.
 
La presse fait régulièrement le portrait de ceux que l’on nomme les « pervers narcissiques ».
Dans cette relation toxique, les victimes sont souvent prises au piège.
Consentantes non, mais soumises à la pression sociale, à la peur de dire les maux endurés, oui. Quand les violences s’exercent dans la sphère privée, familiale de surcroît, grande est la tentation de vouloir sauver les apparences, pour l’image mais aussi pour soi, pour ne pas s’avouer l’échec de la relation amoureuse. Comme l’a justement dit Annick Houel lors de sa conférence,  il reste souvent à ces femmes « l’espoir de l’amour », même après des années…
 
Comme la littérature a elle aussi  des vertus éducatives et a déjà pu contribuer à l’évolution des droits des femmes, cf. Simone de Beauvoir, Le Deuxième sexe, je tiens à évoquer un écrivain qui s’intéresse beaucoup à nos vies modernes. Il s’agit d’Eric Reinhardt, auteur du Moral des ménages, de Cendrillon.
Son dernier livre L’amour et les forêts retrace le parcours d’une femme, soumise à l’emprise obsessionnelle et destructrice de son mari. Bénédicte Ombredanne, c’est le nom de l’héroïne, a un métier qu’elle aime- prof de lettres-, des enfants. Elle a été une jeune fille solaire et extravertie avant de sombrer, minée par l’enfer conjugal qu’elle vivait. Jusqu’à oser une échappée, en deux temps…
Voici un extrait du livre, pages 135-136 : « Je n’y crois pas un seul instant à ton histoire de promenade dans les Vosges, je n’y crois pas une seule seconde à ton histoire de panne d’essence, à ton histoire de soleil à savourer, à ton prétexte de faire le point, de prendre de la distance, de la hauteur ! (…) Madame, pour réfléchir, elle a besoin de hisser ses infimes capacités intellectuelles au sommet de la Schlucht, sinon elle ne voit rien, elle n’a aucune visibilité sur son existence ! Faire le point ! On aura tout vu ! Parce que tu as besoin de réfléchir, de faire le point ? Ta triste vie t’impose de réfléchir, de faire le point ? Madame n’est pas heureuse ? C’est son mari, c’est ça ? Son mari ne lui convient plus ? Il ne peut plus satisfaire ses besoins sexuels, ses besoins métaphysiques, ses besoins de vie radieuse et féerique, pour employer des adjectifs que madame affectionne ? »
 
Ce discours inquisiteur va se poursuivre jour après jour, nuit après nuit, et sera relaté dans un troublant échange épistolaire entre Bénédicte et l’écrivain, devenu le confident du désespoir de son héroïne. Comme une mise en abyme.
 
Le roman d’Eric Reinhardt était dans la liste des nominés au Goncourt et a finalement obtenu le prix Renaudot des lycéens. Une belle reconnaissance tout de même et l’espoir que cette jeunesse éclairée porte haut les couleurs de l’égalité femmes-hommes !
Pour ne jamais oublier Bénédicte Ombredanne…

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