La semaine dernière, en déjeunant rue Garibaldi, en
terrasse, pour profiter de l’été indien, je me rappelais l’état de cette rue à
mon arrivée à Lyon. Je n’aurais pas alors imaginé profiter d’une agréable pause
déjeuner en ce même lieu.
La comparaison avec les aménagements actuels est saisissante
et chacun le reconnaît.
Une fois les travaux de la tour Incity terminés, la jonction
entre Lafayette et Garibaldi marquera l’entrée de cette artère lyonnaise
redessinée.
C’est justement sur l’aspect symbolique de ce trait d’union que
je souhaitais revenir.
Jusqu’ici, et bien que passant régulièrement à cet endroit –
mon trajet préféré de chez moi à la mairie du 3ème- j’étais surtout restée
attentive à l’avancée des travaux d’un point de vue matériel, et disons
pragmatique.
Je n’avais pas fait l’association entre les figures des deux
célèbres généraux !
Et pourtant, tous deux sont quasiment des mythes et ont
l’Amérique en commun…
Du Marquis de La Fayette, devenu Major général et "héros
du nouveau monde", les français connaissent bien l’histoire, et la place
qu’il a tenue au tout début de la révolution. Rappelons tout de même qu’il a
été Commandant en chef de la Garde nationale et qu’on lui doit la cocarde tricolore.
Il serait venu à Lyon en 1785 et pour l’ensemble de son parcours, la ville se
devait bien de l’honorer par cette dédicace. Les Etats-Unis ont donné son nom à
plusieurs villes et comtés et l’ont même fait Citoyen d’honneur.
Une anecdote au passage : contrairement à ce que me
suggérait une touriste dernièrement- et dont je tairai par respect la
nationalité- le cours Lafayette ne doit pas son nom aux galeries du même nom…
même si le célèbre grand magasin est situé à quelques mètres seulement… Ironie
de l’histoire !
De Garibaldi, un peu moins présent dans nos manuels
scolaires, on retient surtout son rôle dans l’unité italienne et le
"risorgimento". Mais ce farouche patriote a passé sa vie à conduire
des batailles en faveur de la république et de l’indépendance des peuples, en
Italie, en France et en Amérique du sud, à la tête des "chemises
rouges". Son exil américain l’aura conduit du Brésil à l’Uruguay où le
gouvernement de Montevideo avait fait appel à lui. On l’a ainsi surnommé
"le héros des 2 mondes".
En 1870, il a été nommé Citoyen d’honneur de la ville de
Lyon pour avoir combattu aux côtés des lyonnais contre les prussiens.
Sa descendance s’est elle aussi illustrée en France et une
plaque commémorative, apposée place des Martyrs de la résistance, le long de la
rue Garibaldi, rappelle le combat de ses deux petits-fils, Bruno et Constantin,
décédés en 1914 et 1915.
Pour parachever ce petit rappel de l’œuvre de Garibaldi, on
peut ajouter qu’il a été élu député en France sur les listes de l’Union
Républicaine, derrière Gambetta et Victor Hugo. Mais son élection a été
invalidée en raison de sa nationalité italienne. Victor Hugo a alors
démissionné en marque de soutien à Garibaldi.
C’est finalement un bel hommage de voir s’élever à la
réunion des deux rues Garibaldi et Lafayette la future plus haute tour de Lyon.
Selon la formule consacrée : "Aux grands hommes, la patrie
reconnaissante" !