lundi 5 mars 2018

« Une semaine de vacances »


Dans le film au titre éponyme, Bertrand Tavernier avait situé l’action à Lyon, sa ville natale. En s’attachant aux pas de Nathalie Baye, alias Laurence, jeune enseignante quelque peu déboussolée et incertaine sur le chemin à prendre pour redonner du sens à sa vie. C’était l’hiver, le début des années 80, les petits matins gris et brumeux sur les quais du Rhône,  les voitures d’un autre siècle…

Pour ces vacances de février, je n’ai pas eu la même hésitation. Cap à l’Ouest.  Carrément plein ouest ! Direction Quimper, capitale historique de la Cornouaille et actuelle préfecture du Finistère, là où la terre n’en finit plus de finir avant de se jeter, éparse, dans les bras de l’océan.

A Quimper, ancienne cité médiévale devenue port fluvial, on se retrouve à la confluence du Steir et de l’Odet, et de diverses cultures. Max Jacob, l’enfant du pays, y a son théâtre et une aile du Musée des beaux-arts porte son nom.  Saint Marc y prend ses quartiers à défaut de posséder une place à lui seul. Tout comme François Mitterrand, plutôt à l’aise sur le parvis de la médiathèque, adossée à la très belle scène du théâtre de Cornouaille. La Providence, quartier situé à deux pas de l’hyper-centre, accueille un cinéma d’un genre nouveau, sur pilotis, au cas où la rivière ne vienne à déborder de son lit. Il faut dire que la crue de décembre 2000 a durablement marqué les esprits et le plan d’occupation des sols. Un peu plus haut, les « terres noires », d’éphémères exploitations de charbon, se couvrent désormais de maisons aux toits d’ardoises percés de panneaux photovoltaïques. Une énergie en a remplacé une autre. Malgré l’émergence de nouveaux quartiers, la place Saint Corentin, coiffée des flèches jumelles de la cathédrale, reste le cœur de la ville. Un cœur en dentelle de granit.

On y déguste toutes sortes de crêpes, salées et sucrées, à ne pas confondre avec les galettes comme on les nomme à Rennes (parole de quimpéroise rencontrée sur place !). Et à accompagner d’une belle bolée de cidre, de préférence bio. En Bretagne, l’agriculture se fait de plus en plus raisonnée. Et c’est tant mieux. La faïence, qui avait fait la renommée de Quimper, a un peu perdu de sa superbe mais on y tricote toujours de la marinière Armor-Lux. Depuis plus de 80 ans !

S’il est un autre sujet qui peut faire ici polémique (mis à part le classique antagonisme entre crêpes et galettes), c’est la météo. Certains, certaines, des mauvaises langues sans doute,  diront qu’il y pleut souvent alors qu’en réalité il y fait beau plusieurs fois par jour ! Je l’ai moi-même vérifié à plusieurs reprises lors de ce séjour. Mais, in fine, à la Pointe du Raz, plein soleil sur l’ile de Sein qui lui fait face. Le même paysage s’offre au regard depuis la Pointe du Van, moins prisée mais d’autant plus belle à mon goût. On y foule la lande aux coussins de bruyères sèches, quasiment seul à arpenter le sentier côtier, en surplomb de la baie des trépassés. Le temps s’est arrêté. C’est magique.

L'Aven à Pont-Aven
Vous l’aurez compris, je suis toujours amoureuse de cette région et toujours heureuse d’y revenir. Peu importe la saison. Peu importe l’agitation qui y règne.

Elle est à l’image de ces mimosas en fleurs s’épanouissant à Pont-Aven, au bord de la rivière. Un aperçu de la Dolce Vita, même loin de la côte d’azur…