samedi 14 juillet 2018

Merci Camalyon !


Lors du banquet républicain organisé par la mairie du 3ème ce 12 juillet, six personnalités se sont vues décerner une médaille de citoyens d’honneur du 3ème arrondissement. Parmi elles, deux femmes – oui, oui, il faudra mieux faire pour la parité en 2019 ! – dont une célébrité du petit écran, ancienne animatrice avec Guy Lux des fameux jeux télévisés d’ Intervilles. Je veux parler bien sûr de Simone Garnier. L’autre femme à être ainsi honorée par la municipalité est certes moins connue mais promise, je l’espère, à un bel avenir avec l’association qu’elle préside. 
Vous en saurez plus en lisant le discours préparé à son intention, et auquel j’ai, avec l’accord de l’intéressée, ajouté un paragraphe plus personnel. Encore merci à Corinne Krausse pour son travail et son engagement !

Vous êtes présidente du collectif Camalyon 3, devenu une association en 2017 sous le nom de Camalyon. Une toute jeune association qui œuvre dans un domaine ô combien sensible : la petite enfance. Sans prétendre à l’hégémonie, vous avez néanmoins vocation à essaimer au-delà des «frontières» du troisième arrondissement, voire à vous «métropoliser».

Présidente d’association, un beau titre, mais qui me semble insuffisant à vous décrire, tant je vois en vous une bonne fée, ou mieux encore, une marraine zélée, toujours prête à servir la cause des familles. Certes, vous n’avez pas de baguette magique à votre disposition, mais vous êtes douée d’une énergie et d’une volonté remarquables, de celles qui peuvent soulever des montagnes.

Heureusement, dans votre tâche, vous n’êtes pas seule…  A vos côtés, il y a, depuis le début, 5 autres femmes, tout aussi impliquées : Cécile, Brigitte, Myriam, Hend, que Maryem est venue suppléer et Nathalie. Avec, je ne l’oublie pas, une mention spéciale à Henri Krausse, votre mari, pour son soutien discret mais souverainement efficace.

Depuis que vous travaillez ensemble, bénévolement, vous avez brillamment réussi à fédérer de jeunes parents autour de votre projet : mettre en relation celles et ceux en recherche d’un mode de garde et les assistants maternels. Dépoussiérant l’image de la « nounou » traditionnelle au travers d’opérations de Speed-dating décoiffantes, dont le succès grandit d’année en année. Pour la troisième fois consécutive, de nombreux lyonnais s’étaient donnés rendez-vous à la Maison Pour Tous le 2 juin dernier, à l’occasion des rencontres parents/assistants maternels.

Je n’oublie pas non plus les fameuses bourses aux jouets qui ont lieu en novembre à la Maison des Italiens. On y déguste des crêpes – et autres douceurs - après avoir chiné parmi les stands, affairé ou simplement distrait par tous ces parfums d’enfance qui refont surface. J’ai aussi le souvenir d’une soirée en mairie où devant un parterre de parents confirmés ou en devenir, l’association Camalyon était venue présenter le fonctionnement du métier d’assistant maternel. Aspects contractuels, vécu avec les enfants, rôle du relais, lien avec la PMI, vous aviez répondu à toutes les questions, en gardant le sourire face au public. La salle était comble et je dois avouer que notre ancien directeur général des services m’avait alors prise à part, un peu effrayé par la quantité de poussettes en tous genres, alignées dans les couloirs. Il  craignait peut-être une occupation illicite de la maison commune ? Camalyon, késaco ? Allez savoir ? Je l’ai aussitôt rassuré quant à la légitimité de cette présence dans nos murs…

Car, c’est peu dire que cette initiative rejoignait concrètement celles menées par la municipalité, la PMI, la CAF, soit l’ensemble des acteurs institutionnels de la Petite Enfance, soucieux d’informer, d’orienter au mieux les parents dans ce qu’il convient parfois d’appeler un parcours du combattant : trouver un mode de garde adapté à leur situation, familiale et professionnelle.  

Si j’ajoute que vous n’avez pas hésité à vous investir dans la commission Enfance- Jeunesse du conseil de quartier Voltaire Part-Dieu, pour aider à recenser les lieux d’accueil du jeune enfant dans ce secteur, votre lieu de résidence, et un des plus prisés des familles de l’arrondissement, j’aurai fait un rapide tour d’horizon de vos activités dans un domaine où il nous faut assurément être à la hauteur. L’essor et l’attractivité de la Part-Dieu doivent d’ailleurs rester un point de vigilance pour nous tous : au pied des tours, laissons toujours de la place aux aires de jeux et aux bacs à sable, pour ainsi préserver la place de l’enfant dans la ville.

Arrivée à la fin de cette évocation, je dois dire que, depuis 3 ans, ce fut un immense plaisir de vous accompagner dans vos réalisations. Une de ces belles rencontres qui marquent une vie d’élue… Je terminerai d’ailleurs par une anecdote que vous m’avez un jour confiée. Lors d’un diner, quand pour la énième fois, on vous posait la question : « Et vous, professionnellement, vous faites quoi ? », agacée du désintérêt de vos autres voisins de table pour votre métier d’assistante maternelle, vous aviez joliment répondu à votre interlocuteur que vous faisiez de la gestion de trésor…

Et vous aviez entièrement raison. Quoi de plus beau, de plus riche, que de veiller au bon développement du jeune enfant ? A cet âge majeur où tout se joue, où chacun, chacune, peut progresser à pas de géant pour peu qu’on lui offre des conditions favorables, un terreau fertile, un environnement adéquat.

Les enfants sont notre véritable richesse. A nous de leur laisser l’espace pour s’épanouir, en harmonie avec le monde qui les entoure, sa beauté mais aussi sa face un peu moins lisse. Et à eux de faire fructifier cet héritage !

Je sais, Corinne, que vous avez déjà merveilleusement relevé le défi et que vous méritez amplement ce titre de Citoyenne d’honneur du 3ème arrondissement.


vendredi 15 juin 2018

L’Aquarius, la botte et nous


Le texte qui suit est de Victor Hugo. Je l’avais repris en préambule d’une commission petite enfance et parentalité du conseil local de santé mentale où était abordé le thème des migrants, notamment de la difficulté de recours et d’accès aux soins pour ces personnes en grande précarité, parfois rescapées de  catastrophes humanitaires. Car, celui qui a écrit les Misères avant d’en faire ses  Misérables, a toujours gardé intact son pouvoir d’empathie :

« Les exilés sont épars ; la destinée a des souffles qui dispersent les hommes comme une poignée de cendres. Les uns sont en Belgique, en Piémont, en Suisse, où ils n’ont pas la liberté ; les autres sont à Londres, où ils n’ont pas de toit. Celui-ci, paysan, a été arraché à son clos natal ; celui-ci, soldat, n’a plus que le tronçon de son épée qu’on a brisée dans sa main ; celui-ci, ouvrier, ignore la langue du pays, il est sans vêtements et sans souliers, il ne sait pas s’il mangera demain ; celui-ci a quitté une femme et des enfants, groupe bien-aimé, but de son labeur, joie de sa vie ; celui-ci a un vieux père qui mourra sans l’avoir revu ; cet autre aimait, il a laissé derrière lui quelque être adoré qui  l’oubliera ; ils lèvent la tête, ils se tendent la main les uns aux autres, ils sourient (…) Ils souffrent, ils se taisent ; en eux le citoyen a immolé l’homme ; ils regardent fixement l’adversité, ils ne crient même pas sous la verge impitoyable du malheur. »

L’abime est à nos pieds, aux portes de l’Europe, et fermer nos frontières n’y changera rien. La fraternité n’est pas l’apanage de la religion, elle est inscrite aux frontons de nos bâtiments, au cœur de la République.  L’Aquarius et ses migrants à la dérive, ballottés d’une rive à l’autre de la Méditerranée,  nous l’ont rappelé cette semaine encore. L’homme est un migrant. De tous temps. Guidé par l’instinct de survie qui le gouverne. Avide de découvrir de nouveaux horizons, de partir à la recherche d’un ailleurs plus hospitalier, malgré les dangers qui le guettent en chemin. Un passant qui traverse l’Histoire, toujours en mouvement. Un peu comme cette pauvre Bécassine qui, bien malgré elle, fait polémique aujourd’hui, autour de la sortie du dernier film de Denis Podalydès. En effet, combien de jeunes femmes au vécu similaire à l’heure où la Bretagne, et d'autres régions encore enclavées, restaient éloignées du progrès économique ? Exploitées, souvent, abusées, parfois, ces Bécassines de l’ombre, propulsées bonnes à tout faire à Paris, illustrent aussi bien une figure sociale de la France du début du 20ème siècle : celle des inégalités de territoire qui poussaient les paysans à migrer vers la capitale, attirés par Les lumières de la ville. Une France chaussée de sabots face à une autre France bien mise et en souliers fins.

Un jour, une amie, engagée dans une grande association lyonnaise, et qui se reconnaitra peut-être, m’a dit que pour elle, restaurer la dignité humaine, c’était permettre à chacune,  chacun, d’avoir une paire de bottes à soi. Une simple paire de bottes pour ne plus ressentir le froid, l’humidité, ou bien le sol brûlant et aride d’une terre trop longtemps privée d’eau. Certains en auront peut-être de plus belles, de plus finement travaillées, ou portant une marque célèbre, mais en finir avec les « va nu-pieds », tel était son leitmotiv. Pas combattre, mais détruire la misère, comme le proclamait déjà Victor Hugo. Une phrase toujours d’actualité. Ne l’oublions pas et chaussons des bottes de sept lieues pour réduire cette fracture, cet écart qui ne cesse de croitre entre ceux qui ont tout et ceux qui n’ont rien. Le temps presse … et il nous faut presser plus encore ceux qui président à nos destinées et à celle d’un continent désuni.




samedi 7 avril 2018

Higelin, le magicien



La grâce, on l’a ou on ne l’a pas. Assurément, il l’avait. Eternel enfant, grand frère, joyeux drille, lutin fantasque, mais avant tout un très grand poète, tel était Jacques Higelin. Je parle de lui à l’imparfait alors que je le vois toujours en magicien de la vie, prêt à faire sortir mille colombes de son chapeau pour sécher les larmes de ses amis. Il le faisait d’ailleurs au travers de ses chansons, un geste comme un cadeau offert au plus grand nombre. Depuis hier matin, ses mots tournent en boucle dans ma tête. Il faut dire que la musique d’Higelin a accompagné mes années d’adolescence, de celles qui s’impriment avec une énergie pure et l’insolence de la jeunesse. « Champagne » magnifié par sa débauche de muses fauves et de spectres endiablés aura marqué à jamais mes années lycée ! Je ne suis pas la seule...

Alors oui, il emporte un peu de nous en partant, et on a envie de lui crier : Reviens ! Reviens Jacques ! Reviens bercer nos nuits d’insomnie, reviens planer dans l’averse qui ravive le jardin, reviens nous parler de tes rêves d’un monde meilleur, dénué de frontières, reviens nous hanter sans fin… « Tombe du ciel ! » encore une fois. Une dernière fois… Le printemps est là, celui des poètes, celui des amoureux, des fous chantants et de leur imagination débridée. Sur scène, tu virevoltais sans cesse, sautillant, d’une énergie folle qui ne laissait que peu de répit au public. Toi qui ne tenais pas en place, comment vas-tu faire maintenant, à l’étroit sous une pierre. Au pied d’un arbre peut-être ? Tu aimais les vieux arbres, les plus que centenaires, et tu te voyais finir comme eux… En elfe ébouriffé, des pieds à la tête mais solidement enraciné. Pas seulement une herbe folle, libre entre deux cailloux.

La vie va continuer bien sûr. Dans les transports en commun, on va fredonner tes chansons, et même pendant la grève des cheminots, on continuera notre chemin en chantant, dans la rue, dans les embouteillages, à pieds, à vélo. En se tenant par la main, enlacés par la taille. Dans les amphis occupés, les étudiants siffleront tes airs préférés. Et même sur les barricades ! Là, je m’égare un peu… Mais c’est ta faute aussi, tu nous fausses compagnie avant le mois de mai, le plus joli de l’année. Et puis,  j’imagine qu’au fond de tes tiroirs, tu avais gardé quelques pépites en réserve. Pas pour que tes enfants se disputent l’ héritage mais pour nous, pour nous dire adieu simplement, au son d’une guitare ou d’un accordéon désaccordé, d’un piano brinquebalant, les yeux en l’air, la mine réjouie.
Maintenant, je vais réécouter toutes tes chansons, quitte à faire hurler les voisins. N’appelez pas la police tout de même ! Demain, c’est dimanche et comme le dit l’ami Fersen, cet autre baladin « On ira danser, danser au bal des oiseaux… » Et même s’il pleut, on s’en fout, on improvisera, comme tu savais si bien le faire…  

Véronique Collucci aussi s’en est allée. Sur la pointe des pieds. Vous aviez en commun le respect de la vie et l’attention aux autres. Le souci des belles causes. Pour elle, c’était les restos du cœur. Pour toi, la lutte contre le mal logement. Des combats qui vont continuer mais sans vous. Une double perte.

lundi 5 mars 2018

« Une semaine de vacances »


Dans le film au titre éponyme, Bertrand Tavernier avait situé l’action à Lyon, sa ville natale. En s’attachant aux pas de Nathalie Baye, alias Laurence, jeune enseignante quelque peu déboussolée et incertaine sur le chemin à prendre pour redonner du sens à sa vie. C’était l’hiver, le début des années 80, les petits matins gris et brumeux sur les quais du Rhône,  les voitures d’un autre siècle…

Pour ces vacances de février, je n’ai pas eu la même hésitation. Cap à l’Ouest.  Carrément plein ouest ! Direction Quimper, capitale historique de la Cornouaille et actuelle préfecture du Finistère, là où la terre n’en finit plus de finir avant de se jeter, éparse, dans les bras de l’océan.

A Quimper, ancienne cité médiévale devenue port fluvial, on se retrouve à la confluence du Steir et de l’Odet, et de diverses cultures. Max Jacob, l’enfant du pays, y a son théâtre et une aile du Musée des beaux-arts porte son nom.  Saint Marc y prend ses quartiers à défaut de posséder une place à lui seul. Tout comme François Mitterrand, plutôt à l’aise sur le parvis de la médiathèque, adossée à la très belle scène du théâtre de Cornouaille. La Providence, quartier situé à deux pas de l’hyper-centre, accueille un cinéma d’un genre nouveau, sur pilotis, au cas où la rivière ne vienne à déborder de son lit. Il faut dire que la crue de décembre 2000 a durablement marqué les esprits et le plan d’occupation des sols. Un peu plus haut, les « terres noires », d’éphémères exploitations de charbon, se couvrent désormais de maisons aux toits d’ardoises percés de panneaux photovoltaïques. Une énergie en a remplacé une autre. Malgré l’émergence de nouveaux quartiers, la place Saint Corentin, coiffée des flèches jumelles de la cathédrale, reste le cœur de la ville. Un cœur en dentelle de granit.

On y déguste toutes sortes de crêpes, salées et sucrées, à ne pas confondre avec les galettes comme on les nomme à Rennes (parole de quimpéroise rencontrée sur place !). Et à accompagner d’une belle bolée de cidre, de préférence bio. En Bretagne, l’agriculture se fait de plus en plus raisonnée. Et c’est tant mieux. La faïence, qui avait fait la renommée de Quimper, a un peu perdu de sa superbe mais on y tricote toujours de la marinière Armor-Lux. Depuis plus de 80 ans !

S’il est un autre sujet qui peut faire ici polémique (mis à part le classique antagonisme entre crêpes et galettes), c’est la météo. Certains, certaines, des mauvaises langues sans doute,  diront qu’il y pleut souvent alors qu’en réalité il y fait beau plusieurs fois par jour ! Je l’ai moi-même vérifié à plusieurs reprises lors de ce séjour. Mais, in fine, à la Pointe du Raz, plein soleil sur l’ile de Sein qui lui fait face. Le même paysage s’offre au regard depuis la Pointe du Van, moins prisée mais d’autant plus belle à mon goût. On y foule la lande aux coussins de bruyères sèches, quasiment seul à arpenter le sentier côtier, en surplomb de la baie des trépassés. Le temps s’est arrêté. C’est magique.

L'Aven à Pont-Aven
Vous l’aurez compris, je suis toujours amoureuse de cette région et toujours heureuse d’y revenir. Peu importe la saison. Peu importe l’agitation qui y règne.

Elle est à l’image de ces mimosas en fleurs s’épanouissant à Pont-Aven, au bord de la rivière. Un aperçu de la Dolce Vita, même loin de la côte d’azur…


dimanche 21 janvier 2018

Je n’avais pas vraiment fait vœu de silence…

Pourtant, je romps aujourd’hui ce qu’il convient sans doute d’appeler une prise de distance. Je le fais pour deux raisons, bien distinctes, quoique concomitantes. Le hasard des choses nous rappelle souvent à l’ordre, et de manière inattendue.

Le premier événement qui m’invite à mettre fin ici à cette parenthèse est le départ annoncé du Maire du 3e arrondissement, Thierry Philip. Annonce faite par l’intéressé en tout début de semaine lors de la traditionnelle cérémonie des vœux aux habitants. Si l’émotion était de mise, il n’y avait là assurément aucune place pour le prétendu divorce entre les élus et les citoyens, tant chacun se sentait en phase avec les mots  de l’édile, évoquant tour à tour l’homme et la fonction : en politique, comme ailleurs, l’homme doit savoir s’effacer derrière la fonction qu’il sert. Dans l’assistance, beaucoup avaient la larme à l’œil. J’ai même vu quelques bouches joliment s’arrondir sous l’effet de la surprise. Georges Képénékian, l’actuel Maire de Lyon, a d’ailleurs  ponctué son discours d’un éloquent : « Eh bien, nous pourrons dire que nous y étions ! ».

L’instant était donc historique. Et pas seulement pour celles et ceux qui, en 2008, avaient  accompagné l’ascension de Thierry Philip. Ils étaient là, bien sûr, les soutiens des premiers jours, la famille, les amis, les fidèles, grossis de la foule des  nouveaux venus, agrégés au fil du temps. Si la fonction de maire n’est pas un métier, elle s’apparente parfois à un drôle de sacerdoce. Je m’amusais dimanche dernier, lors d’un marché, de voir quelques dames, visiblement ravies de leur rencontre, se retourner sur celui qui était encore leur maire affiché. Un arrondissement de plus de 100 000 habitants a parfois des airs de village… Et c’est heureux de pouvoir garder cette proximité les uns avec les autres. Médecin de formation, Thierry Philip a cette faculté d’écoute, indispensable, qu’il a abondamment cultivée au cours des dix années de son mandat. Mais s’effacer derrière la fonction ne signifie pas s’oublier. Il nous l’a rappelé. Savoir préparer sa succession est aussi une qualité. Le prochain maire du 3e aura deux années pour prendre ses marques.

Alors Thierry, je te dis merci. Merci pour ce chemin parcouru ensemble. Je te dois beaucoup, et je mesure la confiance que tu m’as faite en me déléguant la vie associative, dont tu dis souvent qu’elle est le ciment et la richesse de la cité. Je n’oublie pas non plus ce joli moment où tu as célébré mon mariage avec Claude quelques mois seulement après l’élection municipale de 2008, sous l’œil attendri de mes collègues, tous jeunes élu(e)s. Je l’avoue, tu resteras mon maire de cœur !
Il me faut maintenant passer à ma seconde motivation, plus personnelle, pour reprendre la plume, enfin le clavier... J’ai justement achevé ce travail d’écriture qui m’a occupée plusieurs mois durant et, si je suis encore dans la phase de relecture, j’ai toutefois retrouvé une certaine liberté d’esprit. Je dois reconnaitre que l’expérience m’a plu. Je l’ai même trouvée jubilatoire, à certains moments. S’agissant d’une fiction, sans connotation autobiographique, le principe de faire évoluer des personnages s’avère un exercice fort agréable, et surtout indolore ! Un jeu un brin régressif peut-être ? Mais y ayant pris goût, j’espère bien récidiver...

En attendant, je vous souhaite une belle année 2018, de nouveaux projets, et pourquoi pas de vous autoriser, vous aussi,  à faire un petit pas de côté, ou à prendre un nouveau souffle…C’est selon chacun(e) !

lundi 3 juillet 2017

Des nouvelles,

Le mois de juin s’est terminé, enfin, j’ose le dire…. Dans un courant de fraîcheur, baignant l’ensemble de la France. Un courant, somme toute bénéfique, après une semaine de canicule, alourdie par le climat politique, démissions en cascade, soupçons d’emplois fictifs et de favoritisme, qui auront contribué à faire monter la température d’un cran supplémentaire, et même à échauffer les esprits pour une histoire de cravate… La belle affaire ! Pendant ce temps-là, et derrière des apparences vestimentaires de bon aloi, les ordonnances se préparent : un « détricotage » du code du travail et des protections sociales sans précédent. Il parait que l’Amérique nous fait de l’œil, avec son modèle libéral. Ou bien, serait-ce le contraire ? On ne sait plus trop que penser, quoi écrire… A moins de goûter à  l’ivresse toute mesurée du fameux message en 140 signes.

Alors oui, le cœur et l’envie m’ont manqués ces derniers temps pour alimenter ce blog. J’en conviens. Mea culpa. En cause, une grande fatigue qui m’a saisie après des mois de campagne et de batailles d’égos, assommantes. Une fatigue physique mais aussi une lassitude morale face aux revirements, reniements, trahisons, dont les auteurs, pour certains, sont sortis vainqueurs, parfois promus, tandis que d’autres, loyaux à leurs engagements, ont été balayés par l’histoire. Provisoirement, car je ne crois pas à un monde sans attachement à des convictions et où l’opportunisme ferait loi. Notons simplement qu’à ce jour, l’exercice de l’autorité présidentielle, modèle de restauration du genre, se coulant à merveille dans le moule de la cinquième république, et dans les « habits de son cher monarque », peine à donner de l’élan au changement et au renouvellement des pratiques, tant attendu. Et le ciel de s’obscurcir… même sur les sommets jupitériens.

Mais il y a une raison, plus personnelle, qui m’a tenue éloignée de la rédaction de ces chroniques, initiées il y a trois ans déjà : l’ébauche d’un nouveau projet. Toujours en lien avec l’écriture, mais sous une forme différente, plus aboutie – même si les choses ne sont pas définitivement arrêtées. Une nouvelle, un court récit, un texte, assurément, où le temps comptera pour ce qu’il est : un personnage à part entière. Où les lieux seront imprégnés de l’esprit de ceux qui nous ont précédés sur place, en défricheurs, en visionnaires parfois. Si Simone Veil a traversé le vingtième siècle et ses abominations, et les a surmontés avec grandeur, c’est bien par son action qui continue à inspirer nos combats d’aujourd’hui, et ceux de demain. L’action sera donc aussi au rendez-vous… Mais qu’on ne s’y trompe pas, au-delà de cet hommage, ce n’est pas à la biographie de cette grande dame que je vais m’atteler pendant l’été. Il me faudrait pour cela plus d’une saison, et des qualités d’historienne hors pair. J’espère simplement, à la faveur des vacances toutes proches, avancer sereinement dans mon entreprise, avec sérieux mais aussi la fantaisie nécessaire. Deux ou trois pages d’écriture par jour, ce n’est pas une punition pour qui aime les mots et leur saveur prononcée. Plutôt une douce médecine.

Alors, vous l’aurez compris, mon absence sur cette page va devoir se prolonger. Pour les amis de Facebook, je prévois tout de même quelques cartes postales, des paysage avec du soleil dedans, des sourires, même depuis ma table de travail avec vue imprenable sur le chantier en cours du C3…  Et, pour changer de destination, de la poésie, à l’image de ces coquillages qui, posés tout contre l’oreille, nous restituent le murmure de la mer et de ses habitants, même lointains.

Tout comme la lumière des étoiles mortes éclaire nos nuits d’encre, et montre le chemin à qui veut bien le voir.

Voilà pour les nouvelles du ciel et d’ailleurs. Bel été à toutes et à tous ! 

mardi 18 avril 2017

De ces chansons qui nous ressemblent…

C’est une histoire banale. Un matin ordinaire, la radio allumée au réveil, ronron des voix familières, interrompu par les nouvelles du ciel. Et puis soudain, ce petit rien qui vous fait balancer, sourire aux lèvres. La musique fuse et infuse doucement, le tempo se met à vibrer au bout de vos doigts, jusqu’à battre la mesure en rythme. Le corps ondule tel un métronome, de droite à gauche, de gauche à droite. Inutile de résister au mouvement, le mal est fait. Vous savez que de cet air-là, vous ne pourrez plus vous en départir de la journée…

Cela tient à peu de choses. Un souvenir, une émotion ravivée, une rencontre, la vôtre et celle de la chanson, portée par une voix qui vous susurre à l’oreille : « C’est un beau roman, c’est une belle histoire… ». Annie Ernaux dans un de ses livres – Passion simple, souligne combien les chansons populaires, les «canzone», ont accompagné sa vie amoureuse, par vagues plus ou moins conquérantes. Dans ces romances, distillées au gré des ondes, elle dit avoir pu puiser, çà et là, les mots entrant en résonance avec son histoire. La mélodie prompte à cristalliser son humeur du moment, triste ou gaie, et à faire écho à ses sentiments, un peu, beaucoup, passionnément …

L’observateur amusé pourra voir dans ce balancier du cœur, une métaphore de la vie politique actuelle. En période électorale, dans les débats, les discours, la tentation est grande de chercher à séduire l’électorat plutôt que de parler à son intelligence. De privilégier la démagogie à la pédagogie. La parole politique peut alors reprendre à son compte ces aimables ritournelles où chacun, chacune d’entre nous pourra se reconnaitre, et in fine, se rassurer sur sa propre destinée. L’art et la manière de nous balader comme des midinettes, ne sachant plus sur quel pied danser... Mais donner la sérénade aux français n’a jamais fait un programme pour la France.  Et au refrain du « J’accuse », d’aucuns se seront même discrédités. Il ne suffit pas de convoquer Zola pour en avoir le talent et la légitimité.

Quant à ceux qui préfèrent user et abuser de Dutronc, et nous donner le change en retournant leur veste, c’est une vieille rengaine, un peu triste...

Fort heureusement, dans cette drôle de campagne, il reste encore quelques candidats sincères et crédibles, dont celui que je continue à soutenir pour sa vision du monde de demain et sa fidélité au projet socialiste. C’est Benoît Hamon et sa démarche positive, le vote utile aux hommes et aux femmes de ce pays, utile aux générations futures. Un candidat qui s’adresse à nous sans nous infliger de vieux couplets ou d’indigestes bruits de casseroles !


Pour finir en musique, et sans fausses notes, je veux saluer ici la performance de Rebecca Manzoni qui, chaque matin, dans « Pop and co » sur France Inter, nous livre les secrets d’une chanson de son choix. Une séquence de 4 minutes alliant la dissertation sur un texte et sa partition. De Brassens à Bob Dylan, en passant par Travolta en pleine « fièvre du samedi soir », la chroniqueuse se plait à décortiquer une playlist intemporelle, qui n’a d’égale que la fantaisie de son auteur. Quand le cœur, l’esprit et l’intelligence s’en mêlent, cela donne le meilleur. De ces chansons qui nous ressemblent et nous rassemblent aussi, l’instant d’une Javanaise. Loin du vénéneux chant des sirènes…

A écouter ou réécouter sur :  
 https://www.franceinter.fr/emissions/pop-co