dimanche 22 mai 2016

Baccalauréat, monopoly et cadavres exquis…

La première fois où j’ai vu, de mes yeux vu,  les jeux s’inviter massivement dans les programmes télé, c’était en Italie. « Canale cinque », sous l’impulsion de Silvio Berlusconi, perpétuait à la perfection la tradition romaine : du pain et des jeux, d’autant que les émissions  se regardaient en famille, à l’heure des repas, tout en faisant grand bruit. Dans le genre, je préfère nettement Fellini Roma et ses fameuses tablées à ciel ouvert … A cette époque, les années 80, la France dinait encore des restes d’Interville, importé dès 1962 par Guy Lux sur le modèle de l’émission Campanile. En y ajoutant, of course,  les cultissimes vachettes landaises. Et Tournez manège avait à peine fait son apparition sur les plateaux, dessinant au passage une nouvelle carte du tendre.

Que dire aujourd’hui de la majorité des jeux télé hyper formatés qui se concurrencent à longueur d’antenne, et dont l’activité préférée  est de faire la chasse à l’audimat, et donc au téléspectateur… Peut-être ne suis-je pas bon public ? Même si je reconnais à Nagui un certain talent pour faire chanter ses invités…  Sans être non plus une fervente adepte des jeux vidéo,  et c’est un euphémisme,  je sais combien ces derniers ont fait de beaux progrès en matière de graphisme, mais aussi de densité psychologique et de complexité des personnages.  Vive la réalité augmentée… Plus facile de s’y identifier ainsi ? Sans doute.

Mais la vraie nouveauté dans le domaine des jeux, celle qui nous renvoie aux origines du jeu, du « divertimento », c’est la temporalité retrouvée. Jouer ensemble, en réseaux, par équipe, entre copains, en famille, c’est recréer ce climat qui dès l’enfance nous a fait découvrir le plaisir d’apprendre en jouant. Apprendre sur soi, apprendre des autres, jeux de rôles, double jeu. Apprendre à perdre aussi...  Perdre la partie sans perdre la face, sans perdre le contrôle, rester maître des apparences, tout un art. Respecter les règles. Renouer avec le B.A.B.A du  vivre ensemble ? On parle bien de jeux de société et de communauté de joueurs, « communauté inclusive » au demeurant. Il me revient cette chanson qui confronte la vie à une partie de flipper, une vie perdue en jeux de hasard, où l’homme s’égare à la recherche d’un bonus, sésame absolu  pour tout recommencer, repartir de zéro après le pourtant fatal « game over ». Pas si simple dans la vie réelle où le Go est plutôt l’apanage des sages !

Alors jouons…  Intriguée par le concept, et encouragée par mes proches, j’en suis  venue à essayer une des dernières formules en vogue : l’escape game. Le principe étant de ne pas dévoiler les secrets  du lieu, répondant d’ailleurs au nom d’Enigmatic, je dirai simplement  que l’heure passée à résoudre le mystère de la disparition de Miss Donovan m’a parue bien courte.  Après la découverte  d’un appartement du Londres des années 1850, à la fois cosy et inquiétant, pouvant aussi bien préfigurer celui du Parfum de la dame en noir, on est happé par la recherche d’indices à décrypter… Concentration et  concertation obligées  car ici on joue en équipe, de trois à cinq personnes, et rien de virtuel dans cette aventure-là…  

Autre expérience à tenter, l’immersion dans le jeu durant un week-end entier à l’occasion, pourquoi pas, du Printemps du jeu. Cela se passe justement à Lyon…  Avis à tous, « addict » ou néophytes,  et même aux plus « geek »,  la Team d’ Eludd vous a concocté un festin ! Rendez-vous dès le 22 mai à la MJC Montchat, puis le 31 mai, et les samedi 11 et dimanche 12 juin pour les Rencontres ludiques de Lyon. Temps de découverte, d’initiation, avant-premières, mais aussi  tournois, espaces récréatifs, festifs, seront proposés au public. Cultiver le lien social et intergénérationnel, ou tout simplement le plaisir de s’amuser, les raisons ne manquent pas de se rendre à ces Journées  dont ce sera la première édition à Lyon. Final prévu le samedi 9 juillet !
Je ne sais pas si l’on pourra s’y adonner au jeu dit des « cadavres exquis », et ainsi redonner vie à l’esprit cher au mouvement surréaliste…  En l’occurrence, une simple feuille de papier et un crayon suffisent pour retrouver cette écriture un brin déjantée…

Le jeu, une manière tendance de recomposer le monde sur un échiquier aux influences drôlement éclectiques !