La première fois où j’ai vu, de mes yeux vu, les jeux s’inviter massivement dans les
programmes télé, c’était en Italie. « Canale cinque », sous l’impulsion de
Silvio Berlusconi, perpétuait à la perfection la tradition romaine : du
pain et des jeux, d’autant que les émissions
se regardaient en famille, à l’heure des repas, tout en faisant grand
bruit. Dans le genre, je préfère nettement Fellini
Roma et ses fameuses tablées à ciel ouvert … A cette époque, les années 80,
la France dinait encore des restes d’Interville,
importé dès 1962 par Guy Lux sur le modèle de l’émission Campanile. En y
ajoutant, of course, les cultissimes
vachettes landaises. Et Tournez manège
avait à peine fait son apparition sur les plateaux, dessinant au passage une
nouvelle carte du tendre.
Que dire aujourd’hui de la majorité des jeux télé hyper formatés
qui se concurrencent à longueur d’antenne, et dont l’activité préférée est de faire la chasse à l’audimat, et donc au
téléspectateur… Peut-être ne suis-je pas bon public ? Même si je reconnais
à Nagui un certain talent pour faire chanter ses invités… Sans être non plus une fervente adepte des jeux vidéo, et c’est un euphémisme, je sais combien ces derniers ont fait de beaux progrès
en matière de graphisme, mais aussi de densité psychologique et de complexité
des personnages. Vive la réalité
augmentée… Plus facile de s’y identifier ainsi ? Sans doute.
Mais la vraie nouveauté dans le domaine des jeux, celle qui
nous renvoie aux origines du jeu, du « divertimento », c’est la
temporalité retrouvée. Jouer ensemble, en réseaux, par équipe, entre copains,
en famille, c’est recréer ce climat qui dès l’enfance nous a fait découvrir le
plaisir d’apprendre en jouant. Apprendre sur soi, apprendre des autres, jeux de
rôles, double jeu. Apprendre à perdre aussi... Perdre la partie sans perdre la face, sans
perdre le contrôle, rester maître des apparences, tout un art. Respecter les
règles. Renouer avec le B.A.B.A du vivre ensemble ? On parle bien de jeux
de société et de communauté de joueurs, « communauté inclusive » au
demeurant. Il me revient cette chanson qui confronte la vie à une partie de
flipper, une vie perdue en jeux de hasard, où l’homme s’égare à la recherche
d’un bonus, sésame absolu pour tout
recommencer, repartir de zéro après le pourtant fatal « game over ».
Pas si simple dans la vie réelle où le Go est plutôt l’apanage des sages !
Alors jouons…
Intriguée par le concept, et encouragée par mes proches, j’en suis venue à essayer une des dernières formules en
vogue : l’escape game. Le principe étant de ne pas dévoiler les secrets du lieu, répondant d’ailleurs au nom
d’Enigmatic, je dirai simplement que
l’heure passée à résoudre le mystère de la disparition de Miss Donovan m’a parue
bien courte. Après la découverte d’un appartement du Londres des années 1850, à
la fois cosy et inquiétant, pouvant aussi bien préfigurer celui du Parfum de la dame en noir, on est happé
par la recherche d’indices à décrypter… Concentration et concertation obligées car ici on joue en équipe, de trois à cinq
personnes, et rien de virtuel dans cette aventure-là…
Autre expérience à tenter, l’immersion dans le jeu durant un
week-end entier à l’occasion, pourquoi pas, du Printemps du jeu. Cela se passe justement
à Lyon… Avis à tous,
« addict » ou néophytes, et
même aux plus « geek », la Team
d’ Eludd vous a concocté un festin ! Rendez-vous dès le 22 mai à la MJC
Montchat, puis le 31 mai, et les samedi 11 et dimanche 12 juin pour les Rencontres
ludiques de Lyon. Temps de découverte, d’initiation, avant-premières, mais aussi tournois, espaces récréatifs, festifs, seront
proposés au public. Cultiver le lien social et intergénérationnel, ou tout
simplement le plaisir de s’amuser, les raisons ne manquent pas de se rendre à
ces Journées dont ce sera la première
édition à Lyon. Final prévu le samedi 9 juillet !
Je ne sais pas si l’on pourra s’y adonner au jeu dit des
« cadavres exquis », et ainsi redonner vie à l’esprit cher au
mouvement surréaliste… En l’occurrence,
une simple feuille de papier et un crayon suffisent pour retrouver cette
écriture un brin déjantée…
Le jeu, une manière tendance de recomposer le monde sur
un échiquier aux influences drôlement éclectiques !