J’ai un faible pour les séries. Anglo-saxonnes ou plus
récemment celles venues du froid. Je me souviens avoir été tenue en haleine
tout un été par The killing . Et je n’étais pas la seule dans ce
cas … En France aussi, le genre a tout pour plaire. Les séminaristes d’Ainsi
soient-ils , confrontés à la vraie vie ou presque, en ont encore brillamment fait la preuve cet
automne sur Arte. Et Un village français – pas celui de Stéphane Bern, heureusement
merci - revient en force sur les écrans avec une communication coup de poing.
La série, à ne pas confondre avec le feuilleton même si elle
en partage l’esprit, répond à un rituel d’écriture bien codifié : en dire
juste assez pour entretenir le désir, séquencer l’histoire, et savamment
laisser la fin ouverte dans l’attente d’une suite possible, voire probable. Les
fameuses saisons… Dans mon entourage certains appellent cela « une prise
d’otage symbolique ». Peut-être, mais si la satisfaction de
spectateur est à ce prix, je veux bien attraper le « syndrome de Stockholm » et
vouer mon psy aux gémonies !
D’ailleurs, le principe ne date pas d’hier puisque le grand
Balzac distillait ses meilleures feuilles, « day after day », dans
les journaux de l’époque. C’était la naissance du roman-feuilleton dont la
recette avait déjà le goût du suspense. Balzac écrivait souvent la veille pour
le lendemain, s’enchaînant à sa table de travail, pour l’argent - qui manquait
souvent au père de la Comédie humaine - et pour la notoriété publique procurée
par la presse. La Cousine Bette morcelée, découpée en tranches ou plutôt
en pages noircies à la plume, permettait facilement d’identifier son auteur et
d’en apprécier la signature... De même pour Eugène Sue dont Les mystères de
Paris, publiés quotidiennement dans le Journal des débats entre juin 1842
et octobre 1843, ont suscité un véritable engouement populaire. A tel point que
Théophile Gauthier a pu écrire : « Des malades ont attendu pour
mourir la fin des Mystères de Paris ». Bref, nous n’avons rien inventé en terme de
culte et d’addiction …
Dans la série contemporaine, souvent aux allures de thriller,
les pistes sont brouillées à dessein et les profils des suspects se suivent,
sans pour autant se ressembler… Oui, on nous mène par le bout du nez, on nous
balade sans cesse. Mais c’est la loi des séries, le règne des scénaristes
tout-puissants ... Dernier exemple en date, Le passager et son héros
amnésique, endossant des identités parallèles. Rêve ? Illusion ?
Vérité cachée ? Les meurtres aussi s’y succèdent, avec mises en scène
macabres, se référant à des figures mythologiques. C’est d’ailleurs à la suite
d’un épisode du Passager que l’actualité de ce terrible vendredi 13 novembre
m’a rattrapée. Stupeur et tremblements au cœur du cauchemar d’une nuit parisienne. La
réalité dépassant brutalement la fiction. Triste temporalité fatalement
entachée du sang des victimes de cette soirée. Mais aussi marquée par l’élan de
solidarité et de résistance de tout un peuple face à une idéologie haineuse,
laquelle rejette notre culture, le droit à l’éducation, au divertissement, à la
différence des goûts et des couleurs et à l’égalité des sexes. Une idéologie
régressive, repliée sur elle-même, niant l’histoire dont nous savons bien que
la suite n’est pas encore écrite, dans l’existence comme dans l’imagination des
auteurs de tous bords et de tous poils.
Pour revenir à plus de légèreté, et à mon sujet du jour, la
série je crois bien que je suis tombée dedans toute petite. La première fois,
c’était avec Chapeau melon et bottes de cuir, version Emma Peel pour les
bottes. Privilège d’enfant en « garde alternée », entre parents et
grands-parents, j’avais le droit de « squatter » le canapé du salon
le samedi soir et d’y regarder la télé. Je connaissais par cœur les images du
générique, et la musique forcément. Je ne comprenais pas tous les dialogues
mais peu importe, le duo d’acteurs me comblait. Ce n’était certes pas une
émission destinée aux enfants mais voilà, j’ai grandi avec les héroïnes de la
série… C’est comme ça et je ne vais pas faire un procès à mes parents après
toutes ces années. C’est d’ailleurs avec émotion que j’ai appris il y a
quelques mois la disparition du très british Patrick Mac Nee, l’homme au
chapeau melon. Quant à sa partenaire,Diana Rigg, alias Emma Peel, il parait
qu’elle joue le rôle d’une grand-mère au caractère peu conventionnel dans Games
of thrones. Je n’en dirai pas plus car je ne connais la saga que de nom. A
chacun ses lacunes ;-)
Et je n’aurai sans doute pas le temps de rattraper mon
retard sur les saisons passées. Tant pis, ainsi va la vie, la vraie comme celle
des séries, il arrive parfois de manquer un épisode… Mais heureusement
l’histoire continue…