mercredi 30 septembre 2015

Sans Léa Seydoux…

Voilà, il est terminé ce film dont on m’a tant parlé. Je dis « on » à défaut de citer son auteur, qui n’est autre que l’homme partageant ma vie. Je pourrais dire que je suis la femme partageant la sienne, de vie. Car il s’agit aussi de cela dans « De quoi Elsa est-elle le nom ? ». Une affaire de rôles…

Présenté dans le cadre de la Quinzaine pour l’égalité Femmes-Hommes, il est un hommage à la romancière, la résistante, la créatrice aux multiples talents, et épouse de Louis Andrieux plus célèbre sous le nom d’Aragon. 

Quand l’idée du film a germé, les événements autour d’Elsa Triolet n’avaient pas encore pris place à Montchat. Pourtant le projet se dessinait déjà avec l’idée d’aller au-delà de l’image d’Elsa, des « yeux d’Elsa » la muse, et d’atteindre la femme, parfois dissimulée derrière ses personnages. Par le biais de la fiction documentée, l’objectif est je crois atteint. De regards croisés en rêveries fiévreuses, Elsa revit, avec ses doutes et ses espoirs, si proche de nous.

Elle qui disait « Je suis pessimiste par l’intelligence et optimiste par la volonté » semble nous parler de notre époque, encore et toujours. J’ai d’ailleurs envie de la faire mienne cette phrase, tant elle me semble juste. Il me manquera simplement la pointe d’accent russe et légèrement rocailleux d’Elsa. 

Alors, et j’entends déjà la question : mais que vient donc faire Léa Seydoux dans cette histoire ? L’actrice n’est pas une spécialiste d’Elsa Triolet. Certes… Mais elle a interprété une de ses héroïnes, Martine, dans Roses à crédit.  La projection du film d’Amos Gitai, salle Barbara en mars dernier, avait été un peu chaotique. Les images tressautant à intervalles réguliers n’empêchant pas le spectateur d’admirer, au passage, la plastique de la belle Léa. Je suis certaine que beaucoup se souviendront du long plan séquence sur ses orteils et la plante de ses pieds… Très charismatiques…

« De quoi Elsa est-elle le nom ? » adapte l’esprit de cette scène mais cette fois, c’est un jeune comédien de la troupe des Chariots de Thespis qui se prête au jeu. Plutôt pas mal. Désolée pour les fans de Léa Seydoux mais, selon la formule consacrée, elle n’était pas libre aux dates de tournage…

 Quoiqu’il en soit, connaissant ou pas l’univers d’Elsa Triolet, vous trouverez de l’intérêt, du plaisir à découvrir « De quoi Elsa est-elle le nom ? ». Vous allez même y dénicher un brin de fantaisie. Allez, un petit aperçu avec la bande-annonce !

dimanche 20 septembre 2015

Article de saison…


Difficile d’être passé à côté cet été, à la plage, et même à la ville où les vagues de chaleur successives ont modifié nos habitudes vestimentaires. Il ne s’agit pas du port du minishort ou des tongs qui tiennent déjà le haut du pavé dès que la température grimpe, mais de la nouvelle mode du tatouage.
Bien loin de la tendance soft Daho 86 et de son « Epaule Tattoo » chérie des ondes radiophoniques cette année-là, le tatouage ose désormais une version in extenso. Au gré d’un bras, d’une jambe, au détour d’un dos, arabesques et pointillés sortent au grand jour. 

Nul besoin de retracer toute l’histoire de cette pratique d’origine tribale, symbole de reconnaissance, d’appartenance dont la racine renvoie à la langue tahitienne, tataus.
Après quelques apparitions marquantes au cinéma, Steve Mc Queen en Papillon condamné au bagne à perpétuité, Gabin transportant un Modigliani sur le dos, ou encore le magnifique et très inspiré Alabama Monroe, son évolution répondrait à d’autres critères d’influences. Suggestion d’un ami à qui j’ai parlé de mon article en préparation : dernier avatar des films X… Ce à quoi je réponds que, de toutes manières, je préfère ceux du Losange, de films… Bref.
Autre piste avancée, les stars du foot qui n’hésitent pas à arborer moult tatouages, photos en couverture de magazine à l’appui. Idoles des temples modernes, n’ayant plus rien à envier aux champions de l’ovalie ? Arrivé à ce stade, je quitte le terrain, trop médiatique à mon goût.
 
Mon intérêt dans cette affaire serait plutôt de décoder le phénomène, vu de la rue. Curiosité piquée à vif, me direz-vous…
 
De passage au Binic Folk Blues Festival pendant les vacances, j’ai bien essayé de poser la question à plusieurs individus- garçons et filles confondus- dont le signalement correspondait à ma recherche, dans un esprit parfaitement clanique. Ni « very bad-boy », ni sortis du rayon des cultissimes décalcomanies Malabar… Elles et ils se sont montrés évasifs, m’invitant à boire un verre et à ne pas me prendre la tête en plein mois d’août. Désolée, mais je n’arrive pas à bronzer idiote ais-je répondu en acceptant néanmoins une Coreff, la bière locale. Même si j’ai un faible pour la Philomène, un autre cru de bière bretonne. Pour les amateurs d’eau douce et de « Breizh attitude » en bouteille, la Plancoët reste une valeur sûre…
 
Je m’amuse un peu comme si je n’arrivais pas à m’attaquer de front au sujet : évoquer ceux qui écrivent sur leur corps. Sur les mûrs, c’est plus simple et moins définitif. Cela nous parle de mai, de révolution, de street art.  Celui qui aime écrit sur les murs… disait Elsa Triolet.
La peinture sur soi, c’est différent. Un art appliqué ? A apprécier au regard du temps et du talent requis pour décliner ces marques de style.
 
Une image me revient alors, celle d’un film, The pillow book. L’intrigue « made in Japan » mettait en scène une jeune femme-écrivaine usant de la peau comme d’une toile manuscrite.
Il faut dire que son initiation avait commencé très jeune, quand son père, célèbre calligraphe, lui dessinait sur la joue un vœu d’anniversaire.
Où et comment se termine le parcours de l’héroïne et de son livre unique, j’avoue en avoir oublié le détail. L’écriture, via le ballet de la plume, étant plus palpitante que la chute de l’histoire. De l’art et de la manière de (se) raconter comme personne !
 
Reprenant mon propos avec ce modèle en tête, j’entrevois peut-être l’actuelle quête de sens du tatouage : un dessein pérenne, incarné, à l’heure du tout éphémère, de la consommation volatile, même si un tatouage peut toujours en recouvrir un autre…
Acte militant, signe d’engagement, choix de vie tracé à l’encre indélébile, si tous ces motifs sont bons, sa réalisation n’en est pas moins anodine. Grain de peau sensible, la prudence est de mise…
 
Plus « couture », s’afficher (très) tatoué c’est revêtir une parure éternelle ou presque, un habillage chamarré à fleur de peau pour tous les jours, même gris, ordinaires.
 
Comme dirait Mademoiselle Agnès : Nous voilà habillé(e)s pour l’hiver !

mardi 1 septembre 2015

Merci Catherine Cusset !

Chaque année, c’est la même chose. Un peu comme une fatalité, je sais que je vais tomber sur un roman de Catherine Cusset pendant les vacances. Cet été encore n’a pas échappé à la règle et La blouse roumaine m’a doucement fait glisser d’août à septembre. L’an dernier, c’était Indigo. Rien de prémédité dans tout cela. Simplement, l’histoire se répète, dans les rayons d’une librairie, au hasard des couvertures des livres feuilletés : « Tiens, le dernier Cusset est sorti en poche ! » ou « Une réédition du premier bouquin de Catherine Cusset ! ». J’ai bien  essayé de changer de libraire, pour voir. Rien n’y fait…
J’achète donc et en général je lis très vite le livre en question.
 
Catherine Cusset n’est pourtant pas plus prolixe qu’Amélie Nothomb ...
Son écriture est toutefois fine et incisive, tout comme ses récits. J’avais commencé avec Confessions d’une radine (2003). C’était assez drôle et bien construit. Tout comme La haine de la famille (2001), son précédent livre. La suite, plus convenue, mais intéressante dans son exploration de la vie des intellos, enseignants, « Bobos » français ou américains, et de la famille toujours. Beaucoup de chapitres sont d’inspiration autobiographique ; l’auteur ne s’en cache pas. Je devrais dire autofiction, c’est le terme consacré.
 
Les personnages semblent se suivre et se ressemblent au fil des romans, surtout les héroïnes. C’est peut-être ce qui me plait en la lisant d’une année sur l’autre : retrouver cette sensation familière, comme si on n’avait pas vieilli, ni elle, ni moi… Il se trouve qu’on a le même âge, si j’en crois les quelques lignes en introduction du Folio entre mes mains, et le même amour pour la Bretagne. En revanche pas d’éducation catholique en commun, ni de tignasse frisée ! Ne cherchez pas le lien entre les deux. Il n’y en a aucun.
 
Je ne l’ai jamais rencontrée, juste aperçue sur un plateau télé, un soir. Le souvenir d’une personne simple, souriante, « bon enfant ». Des problèmes, elle en a sûrement, comme nous tous, elle en a même fait un roman, Le problème avec Jane, mais elle ne les rabâche pas en permanence face caméra. Ne pas se méprendre et en faire une spécialiste du « gnangnan » ou des bons sentiments. La dame a choisi le Marquis de Sade comme sujet de thèse, tout de même… et son premier livre a été édité par Philippe Sollers dans la collection L’infini.
 
Elle a choisi de s’installer aux Etats-Unis, où elle a longtemps travaillé dans le milieu universitaire mais il semblerait qu’elle passe toutes ses vacances en France.
Ce serait amusant de l’y croiser, et de lui faire part de mes impressions la concernant.
Forcément, j’aurais son dernier livre en main, ou dans mon sac, car ce serait la fin de l’été, pas encore la rentrée mais presque…
Je pourrais lui dire merci pour ces années à m’accompagner, à distance régulière, en me donnant le sentiment de partager sa force sensible. Une rencontre d’auteur à lecteur, mais incognito, loin de la pression médiatique et de la foule.
La Bretagne, Lyon, Paris ? Qui sait…
 
En attendant, c’est déjà la rentrée et la fin de la lecture en mode illimité.
L’heure est à la reprise : études, travail, et emploi du temps bien défini.
Rien n’interdit cependant de s’octroyer une pause dans une librairie. Avec la rentrée littéraire,  pas moins de 589 romans attendent les inconditionnels et les curieux. Une jolie façon de prolonger l’été et le dépaysement, à seulement deux pas de chez soi.