mardi 30 décembre 2014

La petite musique d’Apostrophes…

 
Je suis un peu dans la situation de certains personnages de comédies américaines, soit à quelques jours de Noël, sans avoir eu le temps de préparer la fête et surtout de remplir la hotte… Situation qui dans les films donne souvent lieu à de savoureux quiproquos, rencontres inopinées et échanges de cadeaux à la clé.
 
Retour à la vraie vie… en tous cas la mienne…
Le mois de décembre a été riche en évènements et réunions liés à mes activités municipales. Et l’idée d’affronter la foule des magasins m’a fait repousser mes achats. Me voilà maintenant au pied du mur. Check-list en main !
 
Pas de panique… Une commande de livres, acheminée à domicile, m’assure déjà quelques jolis paquets cadeaux.
Remercier le voisin du rez de chaussée qui réceptionne toujours les colis en notre absence. Penser à lui offrir des chocolats et à s’approvisionner chez lui en saumon, fumé maison. Premier Post-it.
 
Pour les enfants, les cadeaux seront un peu différés car avec la famille recomposée, c’est avec nous une année sur deux. Cette fois, les filles seront de l’autre côté… Notez qu’à géométrie variable, la chose se complexifie, avec potentiellement quatre côtés. Un carré en somme, voilà une des figures représentatives de la famille … soit beaucoup de diplomatie pour arrondir les angles.
Revoir La bûche, ce grand classique des réveillons … Second Post-it, même si  j’avais déjà noté Docteur Jivago. Il faudra trancher…
 
Pour cette année, ce sera donc intime. Pas de sapin imposant, mais des décorations et des lumières disposées dans l’appartement. Une crèche pour conserver l’esprit de Noël. De la musique.
Il me faut néanmoins quelques cadeaux pour le jour J et de bons produits à cuisiner. Encore un Post-it. Avec les Halles à deux pas, je devrais trouver mon bonheur …
Ne pas oublier des branchages ornés de baies, quelques fleurs, car Noël c’est aussi la célébration du solstice d’hiver, la victoire du jour sur la nuit, et bientôt le renouveau de la nature. Dernier Post-it.
 
Tout en m’affairant pour installer les santons dans l’ordre et les bougies par ci, par là, je tombe sur un DVD des émissions d’Apostrophes. Ça, c’est un cadeau que je me suis fait toute seule … Ah, la petite musique du générique ! Démodée à souhait.
Tiens, c’est justement le numéro avec Mitterrand et ses invités, dont Patrick Modiano… J’avais prévu de le regarder pendant les vacances.
Allez, juste quelques images, pour voir … Question décor, c’est sobre et les visages sont sérieux, presque tendus. Heureusement il y a Pivot et sa bienveillante silhouette.
C’est Mitterrand qui commence. Normal, c’est son émission. Il parle des livres, il parle des arbres, des hommes, de ce qui vit, s’agite. Il en parle bien.
C’est un homme qui écrit aussi, et là encore, plutôt bien. Il n’est pas président, il a encore l’avenir devant lui. Il parle de la politique, son autre passion.
Face à lui, il y a donc Modiano. C’est l’époque de Rue des boutiques obscures. Le jeune homme timide construit son œuvre bien à lui et sur le plateau d’Apostrophes elle entre soudain en résonance avec celle de L’abeille et l’architecte. Une belle rencontre. Une « rencontre au sommet » entre un futur président et un prix Nobel à venir, tous deux amoureux des livres.
 
Après Apostrophes, il y eut Bouillon de culture.
Pivot, à la retraite télévisuelle, s’est mis à Tweeter. Ses définitions de verbes dérivés font aujourd’hui la joie de ses nombreux abonnés. Guéanter, Nanarder, Qatarir, soit quelques exemples de ces trouvailles… Je vous laisse traduire.
 
Songeuse, je range le disque dans le coffret, d’où il s’était échappé, et reprends là où je m’étais arrêtée de mes préparatifs. Chaque numéro de la collection comportant deux émissions, je reprendrai ma lecture plus tard avec Parlez-moi d’amour, Sagan et Barthes, un autre bon duo… Plus vraiment besoin de pense-bête !
 
Cette petite pause m’aura fait du bien. Mieux qu’un bain relaxant, un rendez-vous avec soi. Un instant suspendu, un pas de côté…
 
Encore quelques jours à attendre le père Noël, et quelques heures pour préparer son arrivée…
Au fait, que m’aura-t-il réservé, du fond de sa hotte ? Surprise…
 
Joyeuses fêtes à toutes et à tous !
Merry Christmas, Buon Natale, Frohlische Weinachsten, Feliz Navidad, God Jul, Wesolych swiat bozego Narodzenia, Zalig Kerstfeest, Kala Christouyenna, Chestita Koleda, Boas Festas … et tant d’autres…

samedi 27 décembre 2014

Quatre mois, voilà maintenant quatre mois ...

Quatre mois, voilà maintenant quatre mois que j’écris mes chroniques sur Allegro Non Troppo.
Quatre mois ou 18 semaines à partager mes impressions de lecture, ma passion pour l’exercice de la vie politique au quotidien, mes rencontres, souvent associatives…
 
Depuis le 25 août dernier, la situation internationale est toujours préoccupante, la paix précaire. Le feu couve et la moindre étincelle serait propre à l’embrasement.
Le virus Ebola rend plus terribles encore les souffrances du peuple africain.
La menace d’attentat et de prise d’otage s’internationalise.
Une embellie tout de même avec la possible levée de l’embargo sur Cuba.
 
En France, l’économie peine à trouver les ressorts nécessaires à la sortie d’une crise sociale sans précédent depuis les années 30 et l’extrême droite en profite pour asseoir sa popularité, scrutin après scrutin, grignotant la morale républicaine : liberté, égalité, fraternité.
Au chapitre des bonnes nouvelles, tout de même … Plusieurs prix Nobel sont venus couronner le génie français, de la littérature à l’économie, sans oublier une médaille Fields.
Des films sont sortis sur nos écrans qui retracent de bien jolis parcours : du rappeur Abd al Malik, ancien élève d’hypokhâgne, dont l’autobiographie  Qu’Allah bénisse la France a été adaptée au cinéma, aux Héritiers, ou l’histoire vraie d’une classe de collégiens sur la route du Concours de la Résistance.
Des talents qui fleurissent au beau milieu des pavés banlieusards. Et la reconnaissance de cette richesse-là, trop souvent oubliée.
 
Les chaînes de télévision se sont déjà lancées dans la valse des rétrospectives. Et préparent la course à l’audimat avec les bêtisiers de fin d’année. « Marronnier » qui porte bien son nom en cette trêve des confiseurs…
 
En cet entre-deux, je voudrais m’adresser à celles et ceux qui depuis 4 mois ont pu lire ce blog, de manière occasionnelle ou plus régulièrement, depuis la France, mais aussi les Etats-Unis, l’Italie, la Pologne, l’Allemagne, la Suisse. Quoiqu’il en soit, merci pour votre fidélité et vos messages.
 
J’avais intitulé, ou plutôt sous-titré, mon tout premier article Histoires de terrien(e)s en quête de phare. Une invitation  à interroger notre identité « heureuse » ou pas… et nos repères.
« Rester dans l’air du temps », comme l’a si bien dit Patrick Modiano dans son discours de réception du prix Nobel, tout en gardant à l’esprit la nécessaire mise en perspective des événements.
 
Garder l’espoir de tous les possibles et mettre en avant deux qualités : la bonne humeur et la gentillesse. Je dis bien qualités car parfois, l’optimisme est apparenté à de la candeur et la gentillesse à de la faiblesse. Un ami me parlait il y a peu de « romantisme politique » en lieu et place d’idéalisme. Pourquoi pas finalement…
 
Je reste du côté de celles et ceux qui pensent que notre façon d’être aux autres peut avoir un certain pouvoir d’influence. Smile !
Petit emprunt aux Proverbes d’Elsa (Elsa Triolet): « J’ai appris que pour être prophète, il suffisait d’être pessimiste. »
 
A très bientôt !

samedi 13 décembre 2014

Un autre conte de Noël

Qu’on aime ou pas, on a tous en tête des images de films d’animation de Disney.
Conformiste peut-être mais aussi puissant « dénominateur commun ». Un univers qui recycle les contes de Perrault et de Grimm, et d’auteurs moins connus comme Madame Leprince de Beaumont, la Belle et la Bête.
 
Parmi tous ces films, certains méritent qu’on s’y arrête, surtout à quelques semaines de Noël. Notre histoire commence donc un soir de réveillon, avec l’arrivée sous le sapin de Darling et  Jim Chéri d’un compagnon à quatre pattes, une jeune chienne cocker aussitôt dénommée Lady.



Dans le voisinage de la maisonnée, il y a  Jock et César, deux dignes représentants d’une certaine aristocratie canine. Ce sont eux qui vont se charger de l’éducation de la jeune Lady jusqu’à ce qu’elle découvre la vie des chiens de banlieue …
Un film Walt Disney Animation Studios
Titre original : Lady and the Tramp
Et l’amour sous les traits de Clochard, un « brigand » au grand coeur. Mention spéciale pour l’accent gouailleur du cabot, en tous cas en version française…



Aventures rocambolesques avec la virée au zoo et la fameuse scène du dîner aux chandelles dans l’arrière boutique d’un restaurant italien. Les spaghettis du Bella Notte, ainsi que la petite musique qui accompagne la romance, sont vraiment délicieux. Al dente !
Vision heureuse de l’immigration italienne en prime.
 
Le final de la Belle et le Clochard ou Lady and the Tramp, comporte un formidable retournement de situation puisque de chien des rues, Clochard va acquérir le statut de héros chevaleresque, et ainsi gagner la confiance des maîtres de l’héroïne. Lady, après une initiation à une vie de vagabondage pourra donc retrouver la quiétude du foyer.
 
De l’anthropomorphisme assumé…  avec son lot de « méchants » dont la paire de chats siamois.
Vous les avez sûrement en mémoire : chouchous de tante Sarah et sournois en diable. Le genre d’individus dont il faut se méfier à la première rencontre…
Bien qu’ils soient à l’origine des maux de Lady- l’épisode de la muselière-, ils ne seront pas vraiment punis. Pas si moral que ça l’oncle Walt …
Ils quitteront heureusement la maison de Jim et de Darling, dans les bagages de tante Sarah.
 
 
Au-delà du franchissement de la barrière de classe sociale qui reste un thème prépondérant du film, le scénario joue avec certains codes, non sans humour. Par exemple, l’épisode de la plaque d’identité qui caractérise les chiens de bonne famille. Celle de Lady est bleue alors que ses amis arborent une plaque rouge-rose. En 1955, date de sortie du film, c’était osé d’ainsi inverser les couleurs traditionnellement dévolues aux deux sexes.
En renonçant, par amour, à sa liberté, Clochard devra aussi porter un collier et une plaque à son nom. Le revers de la médaille !
On pense bien sûr à la fable de La Fontaine, Le Loup et le Chien.
 
 
Bref, l’univers de Disney, tout comme celui des contes de fée, recèle plusieurs niveaux de lecture. Pas si simpliste et complaisant, à défaut d’être subversif.
L’adaptation de Mary Poppins, une décennie plus tard, sera une nouvelle étape pour les studios Disney. Sage critique de la finance, au travers du personnage de M. Banks, le bien nommé, au profit d’un monde réenchanté par la fantaisie d’une nurse pas comme les autres. Un autre monde serait donc possible…
 
Au bout du compte et du décryptage, il subsiste en revisitant cette filmographie une part de nostalgie liée à l’enfance, la nôtre, celles de nos enfants. Les premières expériences de fiction au travers des livres et des images animées. La magie des premiers « Il était une fois ».
Blanche-Neige, Peter Pan, Peau d’âne, Cendrillon et les autres, ont fait rêver des générations d’enfants.
J’ai adoré accompagner mes filles dans cette découverte, les regarder s’émerveiller, avoir peur, s’indigner, grandir …
Souvent, le plus beau des spectacles était leur visage où se reflétaient toutes ces émotions.
 
Pour celle et ceux qui seraient toutefois insensibles à cette alchimie, il y a le film d’Arnaud Desplechin, Un conte de Noël, version cynique de l’Esprit de famille.
Tout aussi réjouissant !

mercredi 3 décembre 2014

Papillotes and Co…

Première semaine de décembre et tous premiers frimas. Temps sec et ciel bas, d’un blanc opaque, presque neigeux… Même si la neige déserte de plus en plus nos mois d’hiver, nous privant un peu d’un Noël de carte postale.
 
Quoiqu’il en soit, Lyon se prépare à la fête et aux illuminations… Les branches dénudées des arbres de la rue de la République sont joliment ornées de lampions rouges. De place en place, des échoppes proposent aux passants le programme des 4 jours de fête à venir, ainsi que des lumignons. Car la tradition veut que chaque 8 décembre, les lyonnais illuminent leurs  fenêtres de petites bougies cannelées, déposées dans des verres  blancs ou colorés.
 
Pour cette nouvelle édition de la Fête des lumières, la ville a choisi de s’associer à la Croix Rouge Française avec l’opération des « lumignons du cœur ». Deux euros par lumignon acheté et des fonds récoltés pour la Croix Rouge, à l’occasion de ses 150 ans. Ce partenariat renouvelé chaque année avec une association différente est une invitation à la solidarité. Alors, touristes ou lyonnais, offrons ce geste symbolique !
 
Une générosité d’ailleurs aussitôt récompensée par la découverte d’une papillote accompagnant le lumignon. A cette évocation gourmande, les yeux se mettent à pétiller. C’est bien joli ce bonbon de chocolat enveloppé dans du papier brillant. Et puis, il y a la surprise de trouver à l’intérieur un  message en forme de devinette ou parfois de proverbe. C’est selon… Les différentes variétés d’une célèbre marque se parent de noms à faire rêver : voie lactée, blanc manteau…. On en trouve aussi pour les amateurs de saveurs authentiques, ou rappelant les 13 desserts de provence.
Pour la petite histoire, c’est ici à Lyon qu’est née cette friandise de Noël, inventée par un apprenti pâtissier, très, très amoureux. Il glissait des mots doux dans l’emballage des chocolats et les offrait ensuite à sa dulcinée. Charmante attention, qui a ensuite été reprise et commercialisée. Vous l’aurez compris, dès le 8 décembre à Lyon, c’est papilles en fête !
 
Pour autant, la Fête des lumières ne se limite pas qu’aux plaisirs du palais… Dès vendredi soir, les rues vont vibrer de la féerie de spectacles ouverts à tous. 70 installations qui mettront en valeur les monuments, les parcs, les fleuves. Bref, un rayonnement multiple. Le public ne s’y trompe pas avec près de 4 millions de visiteurs chaque année. Et l’événement  s’exporte bien puisque le concept a été adopté à l’étranger, en Allemagne, en Chine et à Dubaï, avec le Dubaï Festival of Lights.
 
Chaque arrondissement proposera des animations, certaines en partenariat avec les associations de commerçants qui participent ainsi à la mise en lumière des quartiers, pour le plus grand plaisir des habitants. Notre élu à la culture nous a d’ailleurs concocté un programme de déambulations aux couleurs du 3ème. Premier rendez-vous vendredi soir !
 
Moi, j’aime bien ces jours d’hiver où on se retrouve à la tombée de la nuit pour assister ensemble à des spectacles de rue, projections scéniques et autres inventions lumineuses. Une balade urbaine dans une ambiance populaire et festive. Du vin chaud pour se réchauffer le cœur et les mains. Des enfants tout emmitouflés, parfois juchés sur les épaules des parents et prêts pour le feu d’artifice.
 
Et puis, ça me rappelle d’autres mois de décembre, plus lointains, les défilés de la Saint Nicolas dans les rues de Nancy. Des chars, des illuminations, et des bonbons distribués aux enfants. Sans compter les effigies de Saint Nicolas, déclinées sous la forme de pains d’épice, et de chocolats.
 
Alors, entre le 6 et le 8 décembre, je ne choisis pas. Je garde les deux !