lundi 20 octobre 2014

Lumière sur la ville

Le festival Lumière est un festival de cinéma pas comme les autres et depuis six ans il affiche sa différence sur les grands écrans de Lyon. Avec succès.
Pedro Almodovar, choisi cette année pour honorer le festival de sa présence et recevoir le prix Lumière, est un grand du cinéma, pour son œuvre, mais aussi pour sa vision de l’humanité. Jamais conventionnel, ni "professeur" de bons sentiments mais animé d’un regard haut en couleurs sur la société, ses marginaux, entre splendeurs et misères…
 
Fabuleux destin tout de même pour cette invention élevée au rang de 7ème art. Les Frères Lumière en auraient sans doute été surpris…
 
Des débuts du cinématographe en 1895 à l’institution de la fête du cinéma dans les années 80, la multiplication des salles de cinéma a permis d’en faire un art populaire.
Une des rares distractions sous l’occupation, objet culturel un temps malmené par l’apparition massive de la télévision, le cinéma français résiste. Peut-être parce que comme le proclamait Godard : "Quand on va au cinéma, on lève la tête. Quand on regarde la télévision, on la baisse."
Mais au-delà de la posture, il y a autre chose… comme un phénomène d’attraction collective  et qui embrasse tous les cinémas, dits grand public ou d’auteur.
 
A chacun son cinéma et le cinéma pour tous ! Source de plaisir, source d’émancipation comme dans la petite histoire retrouvée dans mon livre d’italien,  Storia della gattina che voleva andare al cinéma :
"Non voglio più lavare, spazzare, cucire. Voglio andare al cinéma !" Traduction : "Je ne veux plus laver, repasser et cuisiner. Je veux aller au cinéma !"
 
Ma propre découverte du cinéma a emprunté des chemins variés : le cinéma réaliste italien, la nouvelle vague, le cinéma asiatique, le badinage spirituel des films d’Eric Rohmer, Jane Campion et tant d’autres.
Le fil conducteur est sans doute la découverte d’autres mondes et modes de pensée. Le cinéma réussit la synthèse, le "miracle" d’éveiller les consciences et de faire rêver en même temps. Il réenchante nos vies.
La petite serveuse de La Rose pourpre du Caire de Woody Allen qui crève littéralement l’écran, la rose qui parle dans Peau d’Ane de Jacques Demy, l’héroïne du Conte d’hiver de Rohmer, autant de personnages qui nous font passer de l’autre côté…
 
C’est de ce Merveilleux dont nous avons aussi besoin pour vivre, continuer à faire des projets et avancer. Alors soyons curieux et laissons nous séduire : de l’Institut Lumière au Comoedia, des salles de la Presqu’île en passant par La Fourmi qui va rouvrir ses portes dans le 3ème, Lyon offre de multiples lieux de rendez-vous aux "aficionados".
 
Car le cinéma, c’est aussi un lieu, une salle obscure où des "fidèles" se pressent. Une sorte de "communion" du mercredi, jour de sortie des films… J’ai parfois éprouvé la sensation d’être transformée, en revenant à la réalité après une projection. Si j’osais, je dirais "touchée par la grâce".
 
Et enfin au cinéma, le réalisateur, comme le spectateur, est rarement seul. Faire un film, c’est une aventure humaine, un travail d’équipe. Revoir La Nuit américaine de Truffaut pour s’en convaincre au besoin. Les passions humaines filmées devant et derrière la caméra.
Alors oui au slogan : "Quand on aime la vie, on va au cinéma" et la proposition inverse est tout aussi vraie : "quand on aime le cinéma, on aime la vie, passionnément".
  
                                                                 THE END

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