Il existe au cœur de Lyon une
maison dont je voudrais vous raconter l’histoire. Un peu en retrait de la rue
du Dauphiné, elle surprend le passant par sa façade ocre et ses persiennes d’un
vert profond qui d’emblée font penser aux villas du nord de l’Italie. Cette
présence insolite à deux pas de la station de tram Dauphiné-Lacassagne
s’éclaire à la lecture de l’inscription sur le muret devant la maison :
Casa degli italiani. Rien d’officiel donc - le consulat étant dans le 6ème
arrondissement - mais la maison de tous
ceux qui de près ou de loin portent en eux "un po’ d’Italia".
Cette villa avec jardin et
dépendances appartenait à l’origine à Monsieur Valentino.
En 1952, c’est un certain M.
Cavagnolo, fabricant d’accordéon de son état, qui en devint propriétaire.
Depuis les années 30, la maison était chaque dimanche le lieu de retrouvailles
des italiens des environs, venus chercher la convivialité entre compatriotes et
parfois aussi l’âme sœur. Car au bal, l’on venait pour s’amuser et danser, après
une dure semaine de travail, et la guinguette fut le témoin de jolies
rencontres, devenues de belles histoires.
De cette époque, il reste la
mémoire chaleureusement entretenue par le collectif d’associations italiennes
qui y organise diverses manifestations tout au long de l’année. Une quinzaine
d’associations en tout dont le Fogolar Furlan (italiens du Frioul) ou
l’association des descendants des anciens combattants italiens.
M. Daniel Vezzio, mon
« correspondant » sur place, est intarissable et inimitable quand il
s’agit d’évoquer l’histoire de l’immigration italienne dans la région lyonnaise,
et plus particulièrement celle des frioulans. Le livre "Blocs de pierre
et coquilles d’amande" en est la parfaite illustration.
Au même titre, je ne peux que
vous recommander la visite de l’exposition "Lyon à l’italienne" aux
Archives Municipales jusqu’au mois de décembre. 100 000 lyonnais ont un
parent ou un grand-parent d’origine italienne.
Et le lundi 3 novembre aura
lieu le vernissage de l’exposition : "La Grande Guerra, Sul fronte
italiano", dans le cadre du centenaire de 1914, toujours aux Archives.
Avec le temps, la Casa a un
peu vieilli mais elle est toujours aussi accueillante : célébration de
l’armistice le 11 novembre, cérémonie de la libération de l’Italie, chaque 25
avril, en présence du Consul Général à Lyon. A cette occasion, on chante les hymnes
français et italiens mais aussi "Bella Ciao", l’autre Chant des
partisans. A chaque fois, j’ai une pensée émue pour la prof d’italien qui nous
le faisait écouter sur son vieux magnéto éraillé… Je crois qu’elle aurait aimé
cette maison et ses habitants.
La grande salle spécialement
aménagée au rez de chaussée – avec tout le confort moderne - permet de
retrouver l’esprit du commencement, sans les accords de l’accordéon bien sûr
mais avec la ferveur de celles et ceux qui se souviennent… Et quand c’est jour de
tombola, il y a toujours du spumante et du panettone pour finir de délier les
langues. En Italien, of course !
Alors si vos pas vous y
mènent, au cours d’une promenade de hasard à emprunter le cours du temps – à la
manière de Modiano - attardez-vous un
moment, et s’il y a de la lumière vous pouvez même franchir le seuil. Ce n’est
pas la maison bleue de la chanson mais c’est une belle maison, pleine
d’humanité. Fratelli d’Italia !
Bravo et merci pour avoir parlé de la Maison des Italiens, lieu de mémoire et de fraternité, ainsi que de son sympathique et dynamique Président, Danilo Vezzio, formidable !
RépondreSupprimerCela a été un réel plaisir pour moi de découvrir cette maison et ses "habitants". Mes origines italiennes et mon attachement à la Mémoire y ont sans doute contribué. On parle mieux des personnes et des lieux que l'on apprécie !
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