mercredi 18 février 2015

Moncey Café !

Le quartier Moncey est l’un des premiers que j’ai découverts en m’installant à Lyon.
La Rue Paul Bert
Un jour de balade, un peu au hasard des rues, entre l’Abondance et les berges du Rhône. C’était en hiver mais il faisait beau et j’ai tout de suite été séduite par l’atmosphère, une chaleur communicative.
Pour celles et ceux qui ne connaissent pas Lyon, l’endroit est historiquement celui des migrants.
La vie s’y déroule souvent au dehors, sur les trottoirs et sur les places, comme dans un village méditerranéen.

Couleurs et Saveurs
Les vitrines regorgent de pâtisseries orientales et les vendeurs de coriandre et de menthe fraîche, à même la rue, invitent à la cérémonie du thé.
Des bazars, une grande épicerie aux saveurs mêlées, des étoffes chatoyantes. Une place blanche, baignée de lumière. Le Soleil au coin… Dépaysement total.
Pour autant, je ne me suis pas sentie étrangère au cours de cette promenade, encore moins « persona non grata ».
J’étais simplement bien, m’acclimatant à ma nouvelle vie.
 
Un peu plus tard, j’ai appris à mieux connaître le quartier, de l’intérieur.
Délices Orientaux !
La Guillotière, qui commence au niveau du pont du même nom, s’étend entre le 3ème et le 7ème arrondissement. Cette ancienne porte d’entrée dans la ville porte bien son appellation de « Chaudron de l’histoire ». Ici, tout bouillonne, déborde parfois…

C’est rue Bonnefoi que l’ACFAL et ses bénévoles avaient initialement installé les locaux de l’association. L’actuel maire de Lyon, alors prof de lettres, y a d’ailleurs enseigné le français. 
 
Dans ce quartier riche de plusieurs vagues d’immigration, Arméniens, Italiens, Grecs, Espagnols, Turcs, avant les premiers Algériens au début du XXe siècle, et les Européens de l’Est, on parle de « Quartier-monde ». C’était le titre d’une exposition présentée au centre social Bonnefoi au cours des dernières Journées du Patrimoine.
Pour la petite histoire, Maria Berlioz, une amie, se souvenant de son voyage de San Severo en Italie vers la France, renoue ici avec ses origines.

La Rue Moncey
En 1963, son tout premier refuge avait été rue Moncey, l’adresse d’une tante vivant déjà à Lyon…

De cette diversité est né le caractère unique du lieu, point de passage mais aussi vestige des fragments de l’histoire.
En grattant les couches de papier peint, on met souvent à jour des inscriptions sur les murs des maisons. Là aussi, à condition de prendre le temps de décrypter l’entrelacs des rues, nichées entre les bâtiments haussmanniens de l’Avenue de Saxe et du Cours de la liberté. Croisée des chemins qui me fait penser à Salammbô.
 
Parmi les habitants, il y aussi des militants associatifs qui ont choisi de vivre là où le pouls de la ville s’accélère. Leur quotidien est rythmé par les allées et venues rue Paul Bert, devant l’école Painlevé, place Bahadourian, place du Pont. Il faut aussi composer avec l’exaltation des soirs de match… Car la vie est là, foisonnante, déroutante, à l’image de la rue Moncey et de son curieux itinéraire en diagonale.
 
Marie-France Antona est une de ces femmes engagées. Partager un thé ou un café avec elle, c’est l’assurance de vivre un moment passionnant.
J’en ai encore fait l’expérience il y a peu… On s’arrête pour la saluer, lui parler d’un problème de voisinage, d’une histoire de famille, échanger des nouvelles du Maroc. Elle est  « la sœur », la confidente et la bonne fée, tout à la fois.
Le temps passé à siroter notre breuvage, il fait déjà nuit.

La Palme d'Or
Il faut dire que notre hôte, à la Palme d’or, renouvelle régulièrement le contenu des verres brûlants. Une coutume qu’il est de bon ton de respecter.

 
Sur le chemin du retour, je me souviens de notre conversation, de certaines paroles…
Au soir du 11 septembre 2001, avec quelques autres, Marie-France a ressenti la nécessité de porter le projet d’un centre social, au cœur de Moncey. Des cours d’alphabétisation, des permanences d’accès aux droits, des activités pour les plus jeunes. Car dans social, il faut aussi entendre socialisation, citoyenneté, éducation.
 
Aujourd’hui la Maison Bonnefoi cherche un nouveau souffle et veut réécrire son projet associatif. Le faire en ouvrant grand les fenêtres, sur la rue, la ville, le monde.
Une nouvelle page à actualiser avec et pour les habitants d’un quartier atypique mais intensément beau.

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