vendredi 8 janvier 2016

Mitterrand, Vingt ans après …

A l’heure où France 2 vient de diffuser un téléfilm intitulé Le chapeau de Mitterrand, difficile d’oublier le vingtième anniversaire de la disparition de l’homme, le 8 janvier 1996.
L’année 2016 marquera également le centenaire de la naissance de François Mitterrand, à Jarnac, pays charentais, dans une famille de bourgeoisie de province.

Bref, il occupe toujours les esprits celui qui disait aux français dans ses derniers vœux de président : « Je ne vous quitterai pas… ».

Le style, l’époque ont disparu avec lui, comme aujourd’hui le droit d’inventaire. Enfin presque… Reste une figure tutélaire, « statue du commandeur », toujours source d’inspiration mais difficile à égaler. Il suffit de réécouter un de ses discours pour s’en convaincre. Puissance rhétorique, alchimie du verbe et du geste pour imprimer à jamais les mots de la politique. Certains diront « maux » en pensant aux promesses non tenues, aux déroutes et autres revirements. Il en va de la politique comme de toute conduite humaine se heurtant aux contours de la réalité. Pour Mitterrand, ce fut le fracas de la mondialisation confronté à l’idéal socialiste. On peut bien être philosophe, faire des films, écrire des livres, prédire l’avenir, que sais-je encore ? Gouverner ne ressemble à rien de tel. Le pouvoir, cet illustre inconnu, si difficile à incarner et sujet à tant de controverses…



De Mitterrand, outre la place dans l’histoire de la cinquième république, persiste l’image d’un être éminemment romanesque. Julien Sorel hésitant entre l’habit sacerdotal, le noir, et l’épée, le rouge, ce pourrait être lui dans sa jeunesse. Epris de la sage Madame de Rênal et de la fougueuse Mathilde, toujours lui. Son esprit de conquête était célèbre… inlassable séducteur et amoureux de Venise, la ville galante.



La Résistance lui aura donné les clefs d’un monde en pleine recomposition. En retrouvant Robert Antelme, le mari de Duras à la libération des camps, il éprouve la douleur et l’inhumanité : l’holocauste. Il n’aura de cesse plus tard de travailler à l’amitié entre la France et l’Allemagne et à la construction européenne. Son grand projet. Les Rastignac d’aujourd’hui, et ils sont nombreux, peuvent bien s’époumoner du haut de la montagne Sainte Geneviève, leur Paris n’est pas gagné et le public un brin désabusé…

L’ambition ne se décrète pas, pas plus que l’inspiration. Elle se rencontre à la croisée des chemins et des hommes, comme la rime le poète, la pensée l’auteur. Choisissant son heure. Ecrivain par intermittence, Mitterrand connaissait les caprices de la muse, calmait ses ardeurs avec les Essais de Montaigne, et savait aussi laisser du temps au temps, fidèle au Promeneur du champ de mars, se frayant un chemin au milieu des livres, à la recherche d’une édition rare, d’une belle reliure. La littérature, son autre passion…


Lecteur de Machiavel, il était amateur de stratégie. Il a souvent gagné à ce jeu-là.

Sur la fin, le combat était devenu inégal et le doute, terrible, le hantait.
Sa quête était devenue plus spirituelle que politique. Croire ou ne pas croire ? Tel un personnage de Dostoïevski déchiré entre la lumière et l’abîme des ténèbres.

Il est parti et avec lui dans la mort cette aura de mystère, ce sourire de sphinx parfaitement énigmatique.

A chacun sa part de vérité pour se souvenir de ce François-là ... 

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