C’est toujours difficile de choisir un nom ou un prénom, et
je dis ça sans malice aucune…
Au cœur de l’été 2014, j’étais sur une petite île de Bretagne,
en proie au « farniente », et en même temps rattrapée par une
actualité préoccupante. Difficile de faire preuve de béatitude quand le monde
va si mal… Alors « Allegro (ma) non troppo » a fait son chemin et
s’est imposé comme ce qui caractérisait le mieux mon blog tout neuf.
Reflet d’un état d’esprit, et bien sûr référence à la musique
au travers d’un célèbre tempo.
J’aurais d’ailleurs pu choisir « Moderato
cantabile » mais le modèle, immortalisé à deux voix, celles de Duras et de
Jeanne Moreau, était écrasant : une leçon de piano, contrariée par un enfant
têtu, et interrompue par l’écho d’un crime.
Avec cet intitulé, « Allegro, non troppo », comment
échapper à une leçon de piano ? La mienne serait à chercher du côté de
chez Jane Campion. Rappelez-vous … l’odyssée d’une femme exilée à l’autre bout
du monde, mariée à un inconnu. Elle n’a que son piano comme mode d’expression
et s’en voit privée, de manière arbitraire. Le souffle narratif, et les images
d’une beauté renversante, je les ai toujours en mémoire. Mais au-delà de
l’esthétique, brillante, le propos de la réalisatrice néo-zélandaise est avant
tout l’émancipation de son héroïne, par petites touches successives. Filmer
cette renaissance, au fin fond du bush, était un pari osé. La sensualité, à la
fois des éléments et des personnages, irradie l’écran, bien plus que dans Portrait
de femme, adapté plus tard par la même réalisatrice. L’état de grâce ne se
reproduit pas toujours, d’un(e) interprète à l’autre.
La scène du piano qui sombre, sublime métaphore s’il en est
pour montrer la force vitale d’Ada, doublée d’une voix intérieure, toute en notes
retenues. En fait, le film tout entier est une leçon de vie, cruelle mais
salvatrice… Une leçon d’audace, ou de courage, appelez ça comme vous voudrez,
au cœur d’une jungle de sentiments et d’exubérance végétale.
Récompensée par la palme d’or à Cannes en 1993, La Leçon
de piano est une première dans les annales du festival puisque jamais une
réalisatrice n’avait encore été consacrée par le prix. Comme quoi, l’audace peut
aussi se révéler efficace…
Anna Paquin, la petite fille de l’histoire, a aujourd’hui
l’âge de gravir les marches du palais des festivals, comme l’avait fait sa
maman de cinéma, Holly Hunter, mais elle n’est pas annoncée pour cette 68ème
édition. Sa carrière se poursuit outre atlantique, et aux antipodes, au rythme
des séries. Un genre que j’aime beaucoup trop pour le dénigrer et sur lequel je
reviendrai sans doute un jour.
Au programme de Cannes cette année, nous aurons donc « La
Tête haute » en ouverture. Isabella Rossellini, présidera le jury d’Un autre regard,
tandis qu’ Ingrid Bergman s’affiche déjà en illustre marraine du festival, adressant
comme une oeillade à sa fille. Nanni Moretti présentera Mia Madre
aux festivaliers. Entre famille réelle et fantasmée, ainsi va la vie au cinéma …
Un programme que je suivrai de loin. Néanmoins, je
retiendrai mon souffle à l’annonce du palmarès.
Et puis, la cérémonie de clôture aura lieu le jour de
l’anniversaire de mon frère unique.
Petit clin d’œil à toi, fréro… C’est bien joli le mois de
mai, que l’on soit star ou pas !
Merci grande soeur, tu me l'apprends ! C'est vrai que c'est joli le mois de mai. Et comme chantait Daniel Darc : jsuis né en mai, c'est moi l'printemps ! ;)
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