vendredi 8 mai 2015

Ma leçon de piano

C’est toujours difficile de choisir un nom ou un prénom, et je dis ça sans malice aucune…
 
Au cœur de l’été 2014, j’étais sur une petite île de Bretagne, en proie au « farniente », et en même temps rattrapée par une actualité préoccupante. Difficile de faire preuve de béatitude quand le monde va si mal… Alors « Allegro (ma) non troppo » a fait son chemin et s’est imposé comme ce qui caractérisait le mieux mon blog tout neuf.
 
Reflet d’un état d’esprit, et bien sûr référence à la musique au travers d’un célèbre tempo.
J’aurais d’ailleurs pu choisir « Moderato cantabile » mais le modèle, immortalisé à deux voix, celles de Duras et de Jeanne Moreau, était écrasant : une leçon de piano, contrariée par un enfant têtu, et interrompue par l’écho d’un crime.
 
Avec cet intitulé, « Allegro, non troppo », comment échapper à une leçon de piano ? La mienne serait à chercher du côté de chez Jane Campion. Rappelez-vous … l’odyssée d’une femme exilée à l’autre bout du monde, mariée à un inconnu. Elle n’a que son piano comme mode d’expression et s’en voit privée, de manière arbitraire. Le souffle narratif, et les images d’une beauté renversante, je les ai toujours en mémoire. Mais au-delà de l’esthétique, brillante, le propos de la réalisatrice néo-zélandaise est avant tout l’émancipation de son héroïne, par petites touches successives. Filmer cette renaissance, au fin fond du bush, était un pari osé. La sensualité, à la fois des éléments et des personnages, irradie l’écran, bien plus que dans  Portrait de femme, adapté plus tard par la même réalisatrice. L’état de grâce ne se reproduit pas toujours, d’un(e) interprète à l’autre.
 
La scène du piano qui sombre, sublime métaphore s’il en est pour montrer la force vitale d’Ada, doublée d’une voix intérieure, toute en notes retenues. En fait, le film tout entier est une leçon de vie, cruelle mais salvatrice… Une leçon d’audace, ou de courage, appelez ça comme vous voudrez, au cœur d’une jungle de sentiments et d’exubérance végétale.
Récompensée par la palme d’or à Cannes en 1993, La Leçon de piano est une première dans les annales du festival puisque jamais une réalisatrice n’avait encore été consacrée par le prix. Comme quoi, l’audace peut aussi se révéler efficace…
 
Anna Paquin, la petite fille de l’histoire, a aujourd’hui l’âge de gravir les marches du palais des festivals, comme l’avait fait sa maman de cinéma, Holly Hunter, mais elle n’est pas annoncée pour cette 68ème édition. Sa carrière se poursuit outre atlantique, et aux antipodes, au rythme des séries. Un genre que j’aime beaucoup trop pour le dénigrer et sur lequel je reviendrai sans doute un jour.
 
Au programme de Cannes cette année, nous aurons donc « La Tête haute » en ouverture. Isabella Rossellini, présidera le jury d’Un autre regard, tandis qu’ Ingrid Bergman s’affiche déjà en illustre marraine du festival, adressant comme une oeillade à sa fille. Nanni Moretti présentera  Mia Madre  aux festivaliers. Entre famille réelle et fantasmée, ainsi va la vie au cinéma …
Un programme que je suivrai de loin. Néanmoins, je retiendrai mon souffle à l’annonce du palmarès.
 
Et puis, la cérémonie de clôture aura lieu le jour de l’anniversaire de mon frère unique.
Petit clin d’œil à toi, fréro… C’est bien joli le mois de mai, que l’on soit star ou pas !
 

1 commentaire:

  1. Merci grande soeur, tu me l'apprends ! C'est vrai que c'est joli le mois de mai. Et comme chantait Daniel Darc : jsuis né en mai, c'est moi l'printemps ! ;)

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